Quelques jours après les évènements décrits dans : "Au nord des monts pourpres"
- Répètes attentivement ce que tu m'as dit susurra la femme au voile, une dague aiguisée à la main.
- Non, je vous en prie, pas encore hurla le dénommé Jack tremblant de douleur malgré les liens qui l'immobilisaient. Nous avons tué la fille, celle qu'ils appelaient Jin. Et quand je me suis enfui, ils se dirigeaient vers le nord. Ils ont nos montures, et nos vivres.
De colère, la jeune femme enfonça le poignard en plein cœur du bandit, et un jet de sang arrosa son voile. Vérifiant d'un vague coup d'oeil que la salle était bien vide, elle l'ôta. Sous le tissu noir, elle portait une tenue en cuir, noire elle aussi. Elle avait récemment coupé ses longs cheveux châtains afin qu'ils ne la gênent plus sous le voile. Ses yeux gris-bleu étaient pensifs. Elle se trouvait dans une situation compliquée... Elle s'était fixé un objectif à atteindre, mais il était évident que ses supérieurs, ainsi que ses compagnons d'arme allaient avoir besoin d'elle, et peut être avant qu'elle n'ai atteint son objectif. De plus, bien qu'elle n'ai absolument pas envie de donner les informations qu'elle venait d'arracher au bandit à Iyoh, et cela malgré leur haine réciproque bien connue parmi les ombres, elle risquait la mort. Elle était dans une situation extrêmement complexe. L'influence de la femme au voile était puissante, mais avait ses limites. Si elle parvenait à convaincre Gladys qu'il fallait à tout prix arrêter le groupe d'Irwan Knell, Pendragon, et les autres, elle prendrait d'énormes risques, mais son but n'aurait jamais été aussi près de se réaliser. Si ses arguments étaient convaincants, elle parviendrait à intégrer Gladys dans son équipe d'Ombres. Dans le pire des cas, elle serait obligée de parler de Nigfol...
Remettant un autre voile, absent de toutes traces de sang celui là, elle sortit de la salle. Remontant l'escalier en colimaçon, elle croisa un de ses sbires, à qui elle ordonna de laver la cave. Le fait qu'un des soldats les plus compétents de Nailika soit obliger de jouer la femme de ménage pour la Femme au voile était finalement assez ironique, et, à vrai dire, jouissif...
Se décidant à aiguiller Iyoh sur une mauvaise piste, sans pour autant que cela ne soit suspect, elle alla le trouver et dit, sur le ton de la provocation : "On sait exactement où se trouve celle que vous cherchez". D'un air inquisiteur, elle déplia la carte et pointa un lieu à une dizaine de kilomètres à l'est de la dernière position connue du groupe. Avec une arrogance qui semblait presque feinte tant elle était exagérée, elle ajouta : "Vous êtes sur que vous y arriverez, cette fois? Finalement, à part votre coup de chance pour Belwur, vous n'avez jamais réussi à les vaincre en combat frontal". Elle voyait la folie dans les yeux d'Iyoh. Elle le sentait prêt à exploser de fureur, et tenait sa dague dissimulé sous le tissu prête à l'action, au cas où l'ombre ne parviendrait pas à se contenir...