Le sang du front ne sèche jamais !

- Bonjour, Roche. Je te déranges ? dit-il avec le sourire.

Bartiméus, surpris en pleine écriture et ne reconnaissant pas Erlyn, sortit son coutelas de sa ceinture et se prépara à attaquer celui qui s'introduisait dans sa tente. Dans ce mouvement brusque, il donna un coup de coude sur la bouteille d'encre, qui se renversa sur la feuille sur laquelle il était en train d'écrire. Jurant en reconnaissant l'homme aux six titres, il se leva, remis son arme à sa place et dit :

- Excuse moi, Erlyn, les temps sont durs

Remettant un peu d'ordre dans la tente et épongeant l'encre, il ajouta :

- Assied toi donc! Excuse moi, cette tente est dans un sale état. On vit au jour le jour, ici...

Prenant place sur le dur lit de camps, il laissa à Erlyn sa chaise. Une barbe de trois jours poussait sur ses joues, et une lueur étrange de crainte régnait constamment dans les yeux du jeune homme. Il semblait avoir vieilli d'une dizaine d'années en l'espace d'un mois. Interrogeant son invité sur le motif de sa visite, il demanda : "Quel bon vent t’amène?". Même si il se doutait que ce n'était certainement pas la nostalgie qui poussait l'homme à venir le voir.

Surpris, mais réjouis de se battre de nouveau avec son ami, Roche accepta spontanément. Il parlèrent ainsi plusieurs minutes de stratégies, et du positionnement des ennemis, qu'Erlyn avait pu observer. Prenant des notes de ce que lui disait l'homme aux six titres, il les fit porter au général par un coursier, avant de sortir de la tente en compagnie de son ami.

- Il vaudrait mieux que les gens ne te reconnaissent pas trop. Tu es quand même assez recherché dans la région. Tu combattras avec moi pendant l'assaut. Je t'aiderais au possible pour ta soeur, mais je devrais pouvoir compter sur toi si quelque chose tourne mal de notre coté aussi. C'est d'accord?

Continuant la marche jusqu'aux limites du camps, il s'arrêta devant la petite troupe qu'il dirigeait. Ses hommes regardaient étrangement Erlyn. Sa notoriété le rattrapait. Avant qu'ils n'affrontent de nouveaux Nailika sur le champs de bataille, Roche souffla à l'homme le plus recherché de tout Valato : "Si on t'attrapes, fais toi passer pour mon cousin. Il a un peu le même style vestimentaire que toi. Il s'appelle Raphaël!"

Roche intervint aussitôt, sortant une arquebuse de son dos. Les solutions les plus courtes, étaient les meilleures. répandant de l'alcool sur la flèche, il l'enflamma, puis tendit l'arme à Erlyn. C'était à lui que revenait l'honneur de détruire cet avant poste! C'est lui qui avait eu le mérite d'espionner au péril de sa vie les installations Nailikannes. Alors que le trait enflammé tiré par son ami lui passait devant les yeux, il se demanda si cette destruction soudaine ne risquait pas de blesser sa soeur. Avant qu'Erlyn ne tire, il avait ordonné à la cavalerie de foncer sur le camp. En profitant de la surprise de leurs adversaires, ils pourraient sans doute tuer des centaines de soudards cette nuit!

La flèche transperça silencieusement la tente, puis ce fut une terrible explosion qui troubla une nuit si paisible par ailleurs. Bartiméus cligna des yeux, ébloui par la déflagration. De nombreuses recrues Nailikannes hurlaient, hommes enflammés dépérissant bruyamment. Même les chevaux de l'alliance Luuwriano-Oranienne qui partaient à l'attaque se cambrèrent sous la surprise. Leurs destriers reprirent bien vite le contrôle, allant massacrer les survivants

- Allons y dit Roche à ses hommes.

Et ils avancèrent silencieusement vers lieu de dévastation qu'était le camps Nailikan.

Roche ne comptait pas se terrer pendant que son ami se battait. Il comprenait que les deux se battent en un contre un, mais jamais il n'abandonnerai Erlyn.

- Je comprend que tu ne veuilles pas que je me batte contre ta soeur. mais je resterai là à couvrir tes arrières. Ça va bien se passer!

Il n'était tout de même pas rassuré par les paroles d'Erlyn. Bien que prononcées d'un ton presque humoristique, il les pensaient véridiques. Il connaissait son niveau à l'épée, et jamais il n'aurait ses chances face à un tel adversaire. Il espérait que la femme ne vienne pas accompagnée...

Bartiméus dormait à moitié lorsqu'Erlyn était allé le trouver. Depuis qu'il était dans le camps, il avait l'impression de ne plus jamais réellement dormir. La peur d'une attaque surprise restait toujours présente dans sa tête. Suivant discrètement son ami jusque sur le champs de bataille, il vit l'adversaire d'Erlyn. Les similitudes avec Oloren étaient frappantes. Elle semblait être une redoutable combattante. Il dégaina son épée, mais attendit que l'homme aux six titres lui dise si il devait intervenir ou pas. C'était avant tout son combat...

Décidé à soigner les blessures aussi vite que Beörielle les infligeaient, Bartiméus utilisa de suite son don pour guérir Erlyn. Malheureusement, cette attitude pourrait bien lui attirer les foudres de son ennemie, qui le considérerait comme la cible prioritaire. Face à un tel adversaire, son espérance de vie était courte. Passant à l'attaque, il lança quelques étoiles de jets en direction de la soeur d'Oloren, et couru vers elle. Après tout, pourquoi une attaque frontale ne fonctionnerait pas. Dès que les fers se croisèrent, Roche comprit que si il parvenait à la victoire, ce ne serait que grâce à la chance... Ils devaient travailler dans un duo efficace, si ils voulaient vaincre!

- Erlyn, aide moi! cria t-il, sans panique, mais avec tout de même une crainte visible sur son visage...

//HRP// Beörielle et Oloren ont le même pouvoir?//

Roche ne comprenait absolument rien à ce qui était en train de se passer. Erlyn venait de dévoiler son armure de couleur or. Et le ton qu'il avait prit semblait de bien mauvaise augure pour la suite. Essayant une nouvelle fois de contrer un des coups fulgurants de leur adversaire aux cheveux roses, Bartiméus commença à céder du terrain. Il décida de suivre le conseil de son ami, et se dirigea à reculon vers le camps. Si il arrivait à s'enfuir, il reviendrait vite avec son régiment pour aider son ami. Après tout, l'intervention d'Erlyn avait été très bénéfique pour eux, ils lui devaient bien ça!

Mais un nouvel assaut de Beörielle vint contrecarrer ses plans. D'un coup, elle mit le soigneur à terre. Bartiméus vit toute sa vie passer devant lui. Étais ce la fin pour lui?

La lance de Beörielle s'arrêta à deux centimètres de son oeil droit. Il vit le visage décomposé de son adversaire, avant qu'il ne soit percuté par le pommeau de la lame d'Erlyn. La jeune femme lui tomba lourdement dessus. Ils étaient tous les trois à terre, épuisés. Repoussant la femme aux cheveux roses, il se releva avec difficulté, et menotta et ligota la jeune femme pieds et jambes. C'était un problème réglé!
S'accroupissant près de son ami, il lui affirma :

- C'est moi qui doit te remercier! Tu viens de me sauver la vie. Puis il ajouta, inquiet : Tu es sur que ça va?

Il n'avait jamais vu le criminel aussi épuisé. Il n'avait d'ailleurs jamais vu personne d'aussi épuisé. L'homme aux six titres venait de briller par son courage et sa pugnacité, face à un adversaire qu'on aurait pu croire bien supérieur!

Tendant la main vers son ami, Bartiméus dit avec un grand sourire : "J'en suis enchanté pour toi! Allez viens, je connais un meilleur endroit que ce trou pour se reposer!"

Tout deux se dirigèrent vers le camp. Erlyn pour son soutien dans la guerre était traité en héros. Ses compagnons regardaient bizarrement Beörielle. Bartiméus la portait comme un sac, sur l'épaule. La femme n'avait toujours pas repris conscience. Arrivant devant une geôle, il la jeta dans une prison séparée, en demandant au sergent qui en avait la charge de bien faire attention à cette femme, qui, malgré les apparences, était sans doute la plus dangereuse personne au monde, après Melody... Puis il se dirigea vers le centre du camps. Exceptionnellement, une fête en l'honneur de l'homme aux cinq titres était organisée! De grandes tables bancales avaient été placées, et la bière, pour une fois, coulait à flot!