Iyoh poussa un simple soupir rageur avant de repartir dans les tréfonds de la bibliothèque. Il savait qu'il avait raison, mais sans le soutien d'Athis, ils ne pourraient de toute façon pas trouver les autres artéfacts. Leur seule possibilité était donc d'obéir, ou dans son cas d'attendre, car ces galeries de connaissances n'avaient aucun intérêt pour lui. Il alla s'asseoir sur une des chaises en bois disposées autour de la table, et posa sa tête sur son poing droit, réfléchissant à une manière d'intervenir sans bouger d'ici. Il fallait dans tous les cas prévenir toutes les autres Ombres de les rejoindre. Prenant un morceau de parchemin et une plume, il écrivit une lettre rapide donnant leur position et demandant de faire passer le message, puis l'accrocha à la patte d'un rapace emporté par Darwin. Après avoir accompagné l'oiseau jusqu'à la sortie, il revint dans la salle titanesque, et entrepris, seul, de faire le tour des locaux, ce qui lui prendrait au moins une bonne heure.
Toutes les pièces étaient taillées dans la pierre. Aucune charpente ne soutenait les paroi, ce qui constituait un véritable miracle architectural. Il n'avait pas compté, mais de mémoire, Iyoh pensait avoir vu une quinzaine de petits dortoirs. Il y avait également deux salles adjacentes à la bibliothèque présentant d'énormes bureaux d'un blanc marbré, lesquels contenaient des réserves d'encre titanesques. Il y avait là de quoi écrire des milliers de lettres, peut-être même des livres. En faisant un rapide tour des ouvrages, il pu voir qu'une bonne partie étaient l'œuvre d'auteurs dont il ne connaissait pas le nom, tandis que quelques uns demeuraient anonymes; sans doute avaient ils été crées par les précédents habitants de cette demeure souterraine. Partout, une certaine humidité se faisait sentir, tandis que des vents frais parcouraient certaines sales. Il faisait tantôt trop froid et tantôt une chaleur étouffante, selon les lieux.
S'ils devaient passer plusieurs semaines ici, elles ne seraient pas de tout confort. Effectivement, les lits se résumaient à de simples matelas trop fins posés sur des sommiers dont nombre de lattes manquaient à l'appel. Qui plus est, le trancheur ne vit au cours de sa visite aucune salle où il était possible de se laver, ni le moindre point d'eau. Ils devraient donc aller à l'extérieur pour la plupart de leurs besoins naturels, à moins que l'envie ne leur prenne de se servir de pots de chambres; mais tout de même, ils étaient des Ombres, pas des hovoïtes ivrognes vivant dans le purin. Les cuisines comportaient le strict minimum: des fours antiques, du pain conservé dans des torchons parfaitement humides sur lesquels des traces de moisissure étaient présents, et des couverts d'une saleté répugnante. Ils devraient donc aller chasser aux alentours pour vivre, et rien ne pouvait assurer qu'ils tiendraient longtemps ainsi. Les temps à venir allaient être compliqués...