1ère mission auprès de Taetra : Kaiga.

A quelque minutes du levé de soleil, Gérard et Jules, ainsi que Kaiga, patientaient déjà dans la salle principale du restaurant. Ils attendaient tous les trois les nouveaux membres fraîchement recrutés, qui se verraient confier leur première mission dès aujourd'hui. Kaiga attendait patiemment en buvant son café du matin tandis que le maître et l'archiviste débâtaient sur les capacités éventuelles des sourciers recrutés. Mais le plus gros de la discussion portait sur l'aînée de ce nouveau groupe : Iris. C'est Sam qui l'avait "découverte", et la suivait depuis. Aujourd'hui elle allait servir Taetra pour la liberté. C'était aussi la seule à avoir déjà tué quelqu'un, ce détail était cruciale car avec les armes fournies par la secrète société, elle pouvait recommencer. Un avantage certain en vue des capacités des Sombrités les plus évoluées.

Champion du Pot Messages : 2055 Date d'inscription : 27/09/2011 Age : 29

Malgré le confort de leur nouvelle chambre, Élise ne dormit pas beaucoup cette-nuit là. Effectivement, l'adolescente se posait nombre de questions à propos de Kiwi: avait-il besoin de se reposer? Si elle fermait l'œil, resterait-il en place ou s'en irait-il pour une pérégrination nocturne, auquel cas elle n'était pas sûre de revoir la petite sombrité un jour. La fatigue finit toutefois par la rattraper et elle s'endormit sans s'en rendre compte. Matinale, elle se réveilla à l'aube et constata avec soulagement que son nouveau compagnon se trouvait toujours sur le matelas du haut, penchés par dessus les barrières de sécurité de la mezzanine. Il semblait scruter les camarades de chambre de sa maîtresse semi-officielle, ces mêmes yeux sans pupilles grands ouverts. Les hypothèses émises la veille se confirmèrent: tant qu'une sombrité n'était pas exposée à la lumière du jour, elle pouvait survivre. Leur cycle de vie n'était donc pas nécessairement éphémère. Élise pensa toutefois qu'elle ne pourrait pas indéfiniment demander à ses amies de garder les fenêtres fermées indéfiniment. Il serait plus simple de trouver une autre pièce inutilisée où installer temporairement Kiwi. L'idéal serait d'en parler à Gérard: autant le faire tout de suite s'il était éveillé. Discrètement, Élise revêtit un large et confortable pantalon de soie ainsi qu'un chemisier lambda, prit Kiwi dans ses bras puis sortit de la chambre. Elle avait pour habitude de ne pas déjeuner le matin, aussi ne ressentait-elle pas la moindre faim. Jeûner, même plusieurs jours, ne l'avait jamais dérangée. Sans réelle surprise, elle vit trois membres de Taetra dans la grande salle du restaurant, dont ce garçon borgne, le maître de leur organisation. Souriante, elle s'approcha d'eux.

-Bonjour! Vous êtes...hum...Jules, c'est ça? Enchantée, je suis Élise Boterro! Quant à vous...

Elle observait Kaiga, surprise. Il ne lui semblait pas l'avoir aperçu la veille.

-Eh bien je n'ai aucune idée de qui vous êtes, mais je suis tout de même enchantée! Oh, Gérard, vous avez vu? Kiwi a survécu à cette nuit, c'est génial non?

Seule Samantha avait été sur place au moment de la découverte de la sombrité, mais de par son statut et son pouvoir, Élise ne doutait pas que le doyen soit au courant de toute cette histoire. Elle était impatiente, en revanche, de voir comment les deux jeunes hommes allaient réagir vis à vis de cette petite créature. Mais plus que tout, elle attendait de découvrir quelle serait sa première mission. Elle avait rejoint Taetra pour agir, aider une cause juste tout en mettant des bâtons dans les roues de ses ennemis, pour profiter de ces derniers mois à venir.

- Kaiga ! Enchanté ma p'tite !

Toujours aussi bizarre, il continua de siroter son café avec un son abominable chaque fois qu'il portait ses lèvres à sa tasse ... Gérard sourit à Elise tandis que Jules pris un peu de retrait.

- Exact, tu sais que ce truc pourrait exploser à mes côtés ? répondit-il en grimaçant.

- En effet, si tu veux qu'il continue de survivre, tu ne devrais pas trop l'approcher de Jules, dit le vieillard souriant. On va attendre tes camarades et je vous donnerais votre première mission...

Cirdan arriva à ce moment là. June avait dormi dans la même chambre qu'eux, mais s'était levé bien plus tôt, mais il ne l'avais pas retrouvé dans son lit le matin venu. Déjà habillé d'un large jean, de grosses chaussures et d'un t-shirt noir décoré d'une tête de mort, les cheveux en bataille et la mine déconfite, nul besoin de lui demander s'il voulait un petit déjeuner. A peine arrivé dans la salle commune il fût agacé par le son d'aspiration créé par Kaiga, et ne tarda pas à utiliser se bruit pour éjecter la tasse et son contenu ... Directement sur l'étrange bonhomme !

- 'peut avoir un ch'colat chaud ? demanda le jeune homme encore ensommeillé, sous le regard noir de l'artiste de Taetra !

Gérard soupira avant d'aller préparer son chocolat au jeune perturbateur, mais ne put s'empêcher de faire remarquer à Elise qu'elle devrait prendre un petit déjeuner, pour son bien. Et cela par la pensée.

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Élise tira une moue mi-figue mi-raisin après l'intervention de Cirdan. La discrétion n'était certes pas le fort de ce drôle d'individu nommé Kaiga, toutefois elle n'aurait pas été jusqu'à agir avec si peu de délicatesse. Une telle attitude de sa part s'avérait somme toute plus agaçante qu'autre chose, et cela confirma le première impression de l'adolescente: elle n'aimait définitivement pas son camarade musicien, aussi ne lui adressa-t-elle qu'un rapide signe de main. Si elle fut surprise par la remarque de Jules, elle ne fut en revanche pas étonnée d'entendre la voix de Gérard résonner directement dans son esprit. Ignorant encore s'il s'agissait d'une exception ou non, elle avait remarqué que le doyen de Taetra communiquait souvent avec elle de cette manière. Avec une aisance déconcertante, elle lui répondit sans bouger les lèvres:

C'est vous le chef! Je veux bien un chocolat aussi dans ce cas. Et si vous aviez une brioche ou même un bout de pain...honnêtement je ne suis pas difficile.

Vu les repas peu ragoutants servis à l'hôpital, l'adolescente n'avait pas pour habitude de manger ce qu'elle voulait, aussi se contentait-elle d'à peu près tout. De toute manière, elle se disait avec parcimonie que compte tenu du fait que des milliers de personnes ne puissent pas manger à leur faim, elle aurait été hypocrite de faire la fine bouche. Pendant que Gérard s'éloignait, Élise reporta son attention sur Jules. Sur le coup elle n'avait pas réagi, mais le garçon avait parlé d'un risque d'explosion. En regardant Kiwi, elle l’imaginait difficilement gonfler comme un ballon de baudruche puis répandre ses restes partout dans la pièce.

-Pourquoi est-ce qu'il exploserait? demanda-t-elle au chef de Taetra.

La première chose qu' Elyar constata en se réveillant fut l'absence de June et Cirdan dans la chambre. Croyant être en retard à un rendez-vous ou quelque chose de similaire, il s'habilla en vitesse avec une chemise blanche et un jean assorti, puis se précipita vers la salle où il pensait trouver ses camarades. En entrant dans la pièce, il fut soulagé de retrouver ses nouveaux compagnons et les salua brièvement d'un signe de la main avant de s'asseoir à la table, s'excusant du retard qu'il pensait avoir. C'est seulement à ce moment qu'il aperçût Kiwi, perché dans les bras d’Élise. Il fût tellement stupéfait qu'il laissa de côté sa timidité.

-C'est normal la bestiole dans tes bras, Élise?

Gérard prépara donc deux chocolats chaud et quelques tartines, ainsi que quelques tranches de brioche qu'il avait préparé lui-même. Entre sa communication mentale et sa cuisine, on se était en droit de se demander quel était vraiment le don du doyen. Il apporta le petit déjeuner aux deux premiers arrivés en remarquant l'écart qu'ils mettaient entre eux ... D'habitude, les nouveaux étaient plus proche les uns des autres, alors que présentement, les deux semblaient s'éviter.

- Ah, Elyar ... Qu'est-ce que je te fais pour le petit déjeuner ? Tu n'as pas pour objectif de partir en mission le ventre vide j'imagine, lui dit-il en souriant, après avoir remarqué sa présence.

En effet, les sentiments d'Elise envers Cirdan étaient réciproque : ils se repoussaient l'un l'autre, ils n'étaient pas du même monde. Le jeune musicien ne supportait pas le regard jaugeur qu'elle pouvait lancer à certaine personne, comme si elle pouvait se permettre de juger les autres, selon lui, personne ne devrait juger autrui sans le connaître. Principe qu'il violait lui-même ainsi. Et puis cette bestiole ressemblait aux sombrités dont il parlait par pensée avec Gérard ... Quel genre de timbré pourrait faire d'une bestiole pareille un toutou amical ? A ses yeux, la condamnée avait bien mérité son sort. Gérard ne tarda pas à lui faire part de son désaccord avec le jeune homme, qui ne finit pas son petit déjeuner, ouvrant la porte à coup de pied pour rejoindre l’extérieur, sous les yeux surpris des autres, et un long soupir du doyen ... Jules finit enfin par répondre à Elise, tentant de dissiper l'incident.

- Ouais, les sombrités sont des bouffeurs de source, si tu vois c'que j'veux dire ... Et comme j'suis un Relais, si il m'approche trop, il pourrait absorber un peu trop de l'énergie que je dégage et SHPLAFH ! C'est dégueulasse et noir partout dans l'restac' ...

Elyar, toujours absorbé dans la contemplation de la créature, mît quelques secondes à en détacher les yeux pour répondre à Gérard.

-Non, en effet. Et bien, si il reste de la brioche et du chocolat chaud, ce serait volontiers. Merci.

Il remercia le sourcier d'un sourire et jeta un coup d’œil vers Élise et Cirdan. Visiblement, ces deux là n'étaient pas fait pour s'entendre, et il ne fût pas surpris quand le guitariste sortît sans douceur du restaurant. Soupirant, il se retourna vers Jules et Élise pour écouter leur discussion.

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Élise remercia d'un sourire Gérard lorsqu'il leur apporta de quoi manger. Elle aurait volontiers été se servir elle même, toutefois la politesse lui interdisait pour le moment d'aller fourrer son nez n'importe où. Elle ne prêta pas réellement d'attention à la comédie jouée par Cirdan. Ce type faisait probablement partie de la catégorie de ceux qui aimaient se faire remarquer. Un être inintéressant. Elyar semblait véritablement plus aguichant. Après avoir avalé un morceau de la brioche du doyen -elle le félicita immédiatement pour le goût exquis de la pâtisserie- elle entreprit de répondre aux garçons, lesquels se focalisaient tout naturellement sur Kiwi et l'harcelaient de ce fait de questions ou de remarques. Ce fut vers Elyar qu'elle se tourna en premier.

-C'est une sombrité que l'on a trouvé hier soir, il s'appelle Kiwi! Selon Samantha, il est parfaitement inoffensive, pour le moment du moins. Vu qu'il est très rare de pouvoir les étudier, j'ai décida de la garder un petit moment. Si jamais ça dégénère, on s'en débarrassera.

L'adolescente espérait du fond du cœur de ne pas avoir à en arriver là. Cela ne faisait que quelques heures qu'ils passaient ensemble, pourtant l'idée même d'être séparée de la créature de façon permanente lui semblait inconcevable. Outre l'affection qu'elle lui portait comme à n'importe quel animal un tant soit peu mignon, elle se sentait inexplicablement proche du promeneur nocturne. Si les autres pouvaient partager ce sentiment, cela serait absolument parfait. Elle avait toutefois du mal à imaginer Cirdan souriant, tendant la main pour caresser Kiwi. Après avoir bu une gorgée de chocolat, elle tira une grimace en imaginant la scène décrite par Jules. Mieux valait en effet l'éloigner du maître si son pouvoir risquait de le faire imploser.

-C'est charmant. Oh, j'y pense, vous n'auriez pas une pièce inutilisée où l'on pourrait installer Kiwi? Je ne pense pas qu'il appréciera de devoir se terrer dans les rares recoins sombres de la chambre.

Elyar, tout en écoutant la jeune fille, se demanda à quoi pouvait bien penser la petite sombrité. Visiblement, elle appréciait Élise. Levant le regard vers cette dernière, il ne pût s'empêcher de sourire. Il n'avait pas parlé aussi tranquillement depuis bien longtemps.

-Il est plutôt mignon. J'me demande ce qu'il pense de nous...

Raven, après avoir déambulé dans les rues de Néris en cherchant une solution, décida de chercher un endroit où se poser le temps de récupérer. Il pressa le pas, cherchant un établissement peu rempli et discret. Après des recherches infructueuses, alors qu'il commençait à désespérer, un bruit attira son attention. Un jeune homme était sorti bruyamment d'un restaurant qui avait l'air désert. Espérant être accepté malgré son apparence, le jeune homme s'approcha de la porte et l'entrouvrît.

-Excusez-moi, c'est ouvert?

- On pourrait aussi te donner un sac, si tu veux, il n'a pas l'air d'avoir vraiment envie de te quitter, répondit le doyen à la jeune fille.

- Ouais, parce que des endroits sombres ici, y'en à pas des masses, justement pour éviter que ce genre de bestioles vienne ici, ajouta Jules, avant de se retourner dans un sursaut.

Gérard fronça les sourcils, les deux braquaient du regard un jeune homme qui venait d'entrer dans la pièce.

- Sourcier, dit simplement le borgne.

Le vieillard acquiesça.

- Jeune homme, veux-tu bien me suivre, nous avons beaucoup de choses à nous dire, dit-il au nouvel arrivant, sous le regard prudent de Jules qui regardait par la fenêtre si le jeune homme avait été suivit.

Le fait qu'un sourcier vienne frapper à la porte de Taetra était surprenant, mais ce qui l'était encore plus, c'était que cette rencontre était complètement due au hasard. Le jeune homme qui venait d'arriver allait être briefé rapidement, mais ne partirais probablement pas pour cette première mission avec les autres. En quelques jours seulement, ces jeunes s'étaient retrouvés rassemblés par cette société secrète pour lutter contre le gouvernement, sans vraiment comprendre ce qui leur arrivait. Tous s'étaient plus ou moins porté volontaires, mais ne semblaient pas vraiment comprendre le fond de toute cette histoire.

-Beaucoup de choses? Bah...

Le jeune homme acquiesça après quelques secondes d'hésitation et emboîta le pas à celui qu'il pensait être le patron du restaurant,. Il dévisagea longuement chacune des différentes personnes assises à la table en passant devant cette dernière. Le groupe plutôt hétéroclite semblait plongé dans une conversation dont il ne comprît pas le sujet. Etant passé derrière Elise, il n'avait pas aperçu la petite sombrité perchée dans ses bras et n'envisagea même pas que les adolescents puissent ne pas être banals.

Elyar regarda avec curiosité le nouveau venu, jusqu'à ce que Jules signale sa nature à Gérard. Il se pencha vers le Relais, parlant à voix basse.

-Ce mec est un sourcier? Ça peut pas être un hasard...

Griffon Messages : 687 Date d'inscription : 27/09/2011 Age : 30

Neuf heures avaient sonné lorsque Jude ouvrit les yeux, se dégageant préalablement de la masse de couvertures dans laquelle elle s'était emmitouflée. La nuit avait été réparatrice, bien plus que dans sa maison d'origine, où les quelques heures de repos s'entrecoupaient de discussions entre infirmiers, de soins médicaux et de diverses autres nuisances sonores. Bien sûr, la jeune fille ignorait encore tout du décès récent de son père, n'ayant pas encore eu la moindre nouvelle de ses parents. Assise en plein milieu de son lit, elle contemplait, tout en sortant de sa légère torpeur, la pièce plongée dans la pénombre : le lit de son amie Élise était vide, et il n'y avait aucune trace de la sombrité récemment adoptée.
Étrange pour une ville aussi grande d'être si silencieuse à cette heure-ci, se disait-elle intérieurement, tout en tendant l'oreille.

Au bout de quelques minutes, Judy -comme la surnommait affectueusement sa mère- sortit de son lit, marchant avec délicatesse sur la parquet menant à la salle de bain, prenant soin de ne pas réveiller les autres occupantes de la chambre encore ensommeillées. L'interrupteur enclenché, elle se regarda quelques instants dans le miroir : ses cheveux mi-longs ébouriffés, les quelques mèches dissimulant une partie de son visage et ses jolis yeux plissés ne laissaient aucun doute sur le réveil assez récent de la jeune fille. Décidant de n'y prêter qu'une attention minime, elle se rinça simplement le visage à l'eau fraîche, se brossa rapidement les dents et enfila un grand t-shirt trop large où un ours visiblement mal-léché, tout en se servant une tasse de café, disait "Dur dur, le réveil !".

Une fois sortie de la pièce, et après quelques minutes, Jude se retrouva avec ses amis, dans ce qui servait visiblement de cuisine. La voix rauque, elle lança un discret "bonjour", tout en s’attablant. Kiwi semblait la regarder, ce qui la mit presque mal à l'aise. Se souvenant de ce vieux film où un garçon se faisait ami avec un extra-terrestre, elle avança timidement le doigt vers lui. Dans un sourire assez tendre, elle demanda :

- Vous pensez qu'il ... pense ?

Champion du Pot Messages : 2055 Date d'inscription : 27/09/2011 Age : 29

Les arrivées successives de cet inconnu puis de Jude mirent momentanément fin au débat à propos de Kiwi, du moins jusqu'à que la jeune fille pose cette question dont la réponse était évidente aux yeux d'Élise. La bête réagissait, montrait sa satisfaction, faisait preuve de plus de sympathie envers telle ou telle personne. Nul doute, il était doté d'une forme d'intelligence, quelle qu'elle soit. Avant de répondre, l'adolescente observa toutefois le nouvel arrivant suivre Gérard et Jules. Drôle d'individu. Il avait l'air perdu, ébahi. Ankylosé peut-être. Comme s'il sortait d'un trop long sommeil. Plus que tout, son arrivée opportune attira l'attention. Se pouvait-il réellement qu'il soit entré dans ce restaurant par hasard, quand bien même il s'agissait d'un sourcier, ce au moment où Taetra recrutait massivement de nouvelles recrues? Le doute restait permis.

-Oui, il pense, c'est sûr. Oh, en revanche, je me vois mal l'enfermer dans un sac pour le traîner partout. Ce serait peut-être dangereux, vu qu'on ne sait pas s'il résiste à la lumière du soleil. En toute honnêteté, je ne me risquerais pas à faire le test...

Perdue dans ses pensées, elle observa inconsciemment le t-shirt porté par Jude. Elle seule pouvait se vêtir sciemment de ce genre de choses. Fallait-il prendre cela comme de la négligence ou était-ce plutôt une volonté affichée de ne pas cacher sa personnalité? Impossible de déchiffrer le caractère de son amie. Après tout, elle ne se serait pas autant attachée à elle sans cette prodigieuse versatilité! Finissant son petit déjeuner, Élise hésita à contacter Gérard pour avoir son avis à propos du nouveau, mais elle se ravisa. S'il était en plein entretien, mieux valait ne pas le déranger, d'autant qu'il pourrait finir par s'agacer du fait de ces communications constantes. La proximité engendrée par cette méthode paraissait encore déplacée aux yeux de l'adolescente, laquelle ne connaissait que très peu le doyen. Le débat pouvait de toute manière avoir lieu avec Jude et Elyar.

-C'est drôle que ce type soit un sourcier et se retrouve ici par hasard. Moi, j'y crois pas trop. Oh, Elyar, ça n'a rien à voir, mais sais-tu pourquoi Cirdan me déteste autant? Je ne l'aime pas particulièrement non plus, mais s'il y a un problème j'aimerais le régler au plus vite.

Enfant, il arrivait souvent à Élise d'entrer en conflit avec certains de ses camarades de classe. Elle ne passait jamais par quatre chemins et énonçait toujours ses quatre vérités avec un franc parlé déstabilisant, quelquefois vexant. Cette agressivité, bien que fortement atténuée à la fois par l'évolution de son caractère et l'importance qu'elle vouait aux bonnes manières, ne s'était pas totalement dissipée pour autant. Si elle devait crier sur Cirdan pour qu'il se calme, ça ne la dérangeait pas du tout.

Elyar, qui avait écouté avec attention ses camarades débattre, ne répondît pas tout de suite à Élise. En entendant sa question, il plongea le regard dans le vide durant un bref laps de temps, réfléchissant au comportement de Cirdan.

-Je n'sais pas... Je n'ai pas l'impression que tu lui ai fait quelque chose de particulier. Peut-être que tout simplement, vous n'êtes pas fait pour vous entendre. Que vous ne partagez pas les mêmes goûts, valeurs et tout ça. Enfin, je suppose que tu vois ce que je veux dire. Quand au gars qui est entré, un sourcier qui arrive ici comme par hasard? J'partage ton avis: Je n'y crois pas trop. En fait, pour être honnête, je trouve ça carrément suspect. Et si c'était un espion, ou quelque chose dans le genre? Je sais, ça peut paraître ridicule, dît comme ça, mais on sait jamais.

Le jeune homme releva le regard vers Jude et Élise, guettant leur réaction.

Blandine fut tirée du sommeil par un rayon de soleil. Ressentant une vive brûlure au niveau de ses paupières, elle poussa un grognement sourd et se retourna. La jeune fille atterrit par terre en hurlant, se débattit un instant avec sa couverture, les bras coincés, aveuglée par le tissu laineux, avant de finir par triompher de ce combat matinal -bien trop à son goût. Reprenant ses esprits lentement, elle fixa le lit superposé en clignant des yeux à de nombreuses reprises, mal fagotée, les cheveux hirsutes à cause de sa lutte solitaire. Avisant son oreiller, qui avait manqué de l'étouffer, elle le rejeta sur le lit en hauteur avant de se laisser basculer sur le dos. De toute évidence, elle était seule, sinon ses compagnes de chambrée auraient été réveillées. Pourtant, elle entendait le souffle léger de l'une d'elles, et avisa une main qui pendait presque au-dessus de son nez. Apparemment, Iris n'était pas sortie en même temps que les autres.
Blandine resta allongée sur le sol quelques minutes. De nombreux détails lui sautèrent à la figure, éclairés d'un jour nouveau. La journée d'hier semblait tellement folle! Dire que, jusqu'à il y avait quelques heures, elle ignorait si Taetra existait réellement ou non. Et voilà qu'elle se retrouvait embarquée dans cette aventure rocambolesque...
Poussant un profond soupir, Blandine finit par accepter la vérité: il valait mieux attendre de voir ce qui allait se passer. Quand elle voulut se relever, une vive douleur sinua dans son épaule droite, souvenir cuisant de l'exercice de tir de la veille. La jeune fille, plus habituée à manier le pinceau qu'à pratiquer du sport, se demanda si les dirigeants de Taetra allaient lui imposer d'autres épreuves physiques. Elle ne savait pas vraiment si elle pourrait s'en tirer honorablement. Enfin, finit-elle par se dire en haussant une épaule. On verrait bien ce qui arriverait.
Se rendant à la salle de bain sur la pointe des pieds, Blandine enfila son jean et son éternelle chemise noire. La fenêtre qu'Elise avait ouverte hier soir avait raffraichi la chambre, si bien que la jeune femme frissonna dans ses vêtements. Dans l'armoire, elle trouva une espèce de foulard rayé rouge et orange, qu'elle entoura autour de son cou. Ce n'était pas le moment de tomber malade!
Elle avala quelques gorgées d'eau, se débarbouilla rapidement la figure, se débrouilla les cheveux avec les doigts. Elle s'était endormie alors qu'ils étaient encore humides, si bien que de nombreuses mèches rebelles avaient bouclé durant la nuit. Quand elle eut défait tous les noeuds -non sans grimacer-, sa chevelure d'ébène cascadait en ondulant au creux de ses reins. Pour une fois, elle renonça à les tresser, se disant que leur épaisseur empêcherait le froid de se glisser dans son dos. Technique peu orthodoxe, certes, mais néanmoins efficace.
Blandine quitta la chambre et referma la porte doucement. Dans le couloir, elle ne mit guère de temps à se repérer, et se dit qu'elle avalerait bien un thé, ou un café au lait, pour se remettre les idées bien en place. L'esprit encore vaguement embrumé, elle rejoignit donc le restaurant, et fut agréablement surprise en constatant qu'Elise et Jude étaient déjà là, ainsi que trois ou quatre autres personnes. Elle s'apprêtait à saluer la première adolescente lorsqu'elle avisa la sombrité, confortablement installée sur ses genoux frêles. Blandine tressaillit, mais s'obligea à sourire: si Gérard et les autres jugeaient la créature sans danger pour l'accepter en ces lieux, elle n'avait aucune raison d'en faire une histoire. Souriant tout de même, elle s'installa en face des jeunes filles:

"Vous avez bien dormi ?"

Archange du Multivers Messages : 1317 Date d'inscription : 27/09/2011 Age : 32

Telle une ombre, Iris se glissa discrètement dans la salle où tous déjeunaient. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu ce luxe qu'est le petit déjeuné. De grandes cernes sur son visage montrait à tous qu'elle n'avait pas pu fermer l'œil de la nuit. Malgré sa fatigue, dû à tout l'acharnement dont elle avait fait preuve lors de leur premier entrainement, elle n'avait pu se résigner à aller se coucher. Le besoin de se trouver une occupation, après le meurtre qu'elle avait commis lui semblait nécessaire. Alors elle avait continué de tirer sans relâche, jusqu'à ce que son index, endolori, ne parvienne plus à presser la détente sans causer une certaine douleur à la jeune femme. La vagabonde avait ensuite fait une série d'étirement pour s'empêcher de sombrer dans le sommeil. Elle aurait pu retourner dans la chambre, mais le fait de risquer de réveiller les filles, ainsi que la peur et le dégoût que lui inspiraient la créature récemment arrivée dans le dortoir l'en empêchèrent. Elle préféra donc errer dans les couloirs, jusqu'à tomber sur une bibliothèque vide. Là, seule, elle erra parmi les rayons, se rappelant à quel point elle aimait lire autrefois, et à quel point la dureté de la vie l'avait privé de ce loisir. Rattrapant le temps perdu, elle feuilleta les nombreux livres de la bibliothèque jusqu'à ce qu'elle remarque enfin les rayons du soleil levant traversant la fenêtre. Elle se décida alors enfin à rejoindre le petit groupe qui s'était formé à l'avant du restaurant.
La jeune femme s'assit un peu à l'écart des autres, sans un mot, saluant juste l'ensemble du groupe d'un signe de tête. Elle n'était pas d'humeur à faire la conversation.

//HRP// Désolé, Margaux! Iris n'a pas dormi dans le dortoir! //HRP//

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Même après avoir fini de déjeuner, l'idée de quitter la pièce ne vint pas à l'esprit d'Élise. Un sentiment étrange l'avait envahi. Dans un premier temps, elle n'avait pas réussi à le définir, puis parvint finalement à l'identifier. Elle se sentait ici chez elle. Non, il s'agissait de quelque chose d'encore bien plus fort. Pour la première fois depuis des mois, elle se sentait à sa place, dans un cadre où elle avait un autre rôle à jouer que celui de la victime. Ici, il n'y avait pas d'autres malades pour lui rappeler sans cesse que le compte à rebours final avait déjà commencé. Il n'y avait pas non plus d'infirmières s'occupant d'elle comme d'une simple bête à nourrir. Il n'y avait pas non plus de famille, de gardiens, de matelas miteux, de repas répugnants ou d'ennui constant. Uniquement des amis, des convictions, quelque chose à accomplir. Une raison d'être. Et Kiwi! Elle le réajusta sur ses genoux pour que tous deux puissent être parfaitement installés, puis s'intéressa à l’hypothèse d'Elyar.

-Ce serait flippant! Mais si c'était un espion, Gérard le saurait sans doute déjà, vu qu'il lit dans nos pensées. Oh, salut Blandine; plutôt bien dormi. On parlait du garçon qui vient d'arriver. Il doit être en train de discuter avec Gérard. On ne sait pas qui c'est, mais c'est un sourcier tombé ici par hasard! Ça semble un peu gros, non?

Même si elle n'avait pas révélé grand chose de sa personnalité à part sa passion pour la littérature, Blandine paraissait tout à fait sympathique. Cela confortait Élise vis à vis de Cirdan: il était le seul à mal se comporter. Peu après, ce fut au tour d'Iris d'entrer dans la pièce. La vagabonde affichait un air morne, peu aguichant. Levée tôt, l'adolescente ne l'avait pas vu dans le dortoir. Avait-elle passé la nuit ailleurs pour ne pas être avec elles? Soucieuse de rester courtoise voire amicale avec cette inconnue n'ayant jusqu'à lors rien fait de mal, l'adolescente jeta un coup d'œil derrière elle. Gérard s'était dirigée dans cette direction lorsqu'il leur avait servi de quoi manger. Élise déposa Kiwi sur sa chaise, puis s'adressa à ses trois camarades de chambre:

-Je crois qu'il y a tout ce qu'il faut pour faire un déjeuner décent dans la salle derrière, vous voulez que je vous rapporte quelque chose? Et toi aussi Elyar, si tu veux quelque chose...

Kiwi, les jambes et les bras ballants, dévisageait Élise sans que celle-ci ne s'en rende compte. Son regard étant vide, il était difficile de comprendre ses intentions. L'être obscur se demandait toutefois si elle avait conscience de ce qu'il était réellement...

Archange du Multivers Messages : 1317 Date d'inscription : 27/09/2011 Age : 32

Presque surprise par tant de sollicitude de la part de la jeune fille, Iris se leva aussitôt et déclara rapidement :

- Merci, c'est gentil, mais je vais m'en occuper.

Elle avait répondu d'un ton sec et fort peu engageant. Essayant de se rattraper, elle ajouta :

- Mais si vous voulez quelque chose, dites le moi, je vais me chercher moi même à manger!

Iris regardait Blandine, qui venait d'arriver et n'avait pas de bol, mais elle s’adressait à tout ceux qui étaient présent dans la salle. La jeune femme souhaitait éviter à tout prix de paraître discourtoise. Elle avait pris de mauvaises habitudes, dans le dur milieu où elle avait évolué, et elle ne souhaitait pas que ceux qui lui offraient un toit sous lequel vivre ne le regrettent par ses erreurs...

Pendant que Gérard briefait le nouvel arrivant, et que Cirdan continuait de faire la tête à l'extérieur, Jules gardait son regard scotché à Blandine. Les cheveux détachés, il ne pouvait s'empêcher de lui trouver un certain charme, suffisant pour attirer son attention sans qu'il s'en détache. Le regard que l'unique oeil du maître à la jeune fille était aussi plein d'intérêt que déstabilisant, en fin de compte.

A côté de ça, Kaiga s'était essuyé le visage, et s'était resservit un café qu'il sirotait de nouveau avec cet insupportable son. Il connaissait la mission, et n'attendait que la fin du petit déjeuner des novices.

/HRP: Arf Louis >< J'aurais du te le demander avant ?/

En réponse à Iris, Blandine s'octroya deux ou trois secondes de réflexion. Thé, ou café ? En ce moment, elle avait surtout envie d'être en forme, bien réveillée, mais d'un côté elle tendait plus vers un peu de douceur. Finissant par choisir, elle répondit:

- Un café au lait, s'il-te-plaît! Tu veux un coup de main ?

Aider était dans sa nature, et elle n'agissait pas uniquement par politesse. Pourtant, quelque-chose lui disait que l'étrange jeune femme, qui pouvait paraître austère à plus d'un, préférerait rester seule. Quelque-chose lui disait que ce n'était pas le genre de personne à accepter l'aide d'une inconnue, aussi bienveillante soit cette dernière.

Elyar jeta un coup d'oeil vers Cirdan, toujours posté devant le restaurant. Il n'allait quand même pas le laisser là-bas! Il se leva doucement, écartant sa chaise avant de se diriger vers la porte.

-Sans vouloir abuser de ta gentillesse, je prendrais bien un chocolat chaud, s'il-te-plaît. A tout de suite, je vais chercher Cirdan.

Il adressa un bref signe de la main à ses nouveaux amis et franchît la porte, rejoignant le jeune musicien.

-Tu compte rester ici longtemps?

Champion du Pot Messages : 2055 Date d'inscription : 27/09/2011 Age : 29

J'ai l'accord de Louis pour ce léger contrôle de personnage

Élise prit l'initiative en répondant à la place d'Iris. Elle avait-elle même proposé de servir tout le monde, et finalement les clients lui demandaient presque de rester sur place! Hors de question de se laisser faire.

-T'en fais pas Blandine, on s'en occupe!

Un léger sourire fut adressé à l'adolescente, puis Élise se dirigea vers la cuisine, en compagnie de la vagabonde. Il s'agissait là des fourneaux d'un restaurant, emménagés pour répondre à des besoins plus familiers. De mémoire, il y avait pourtant de véritables clients assis aux tables de la grande salle lors de son arrivée. Cet endroit était vraiment très étrange, à moins qu'il ne s'avère simplement d'une parfaite organisation et d'un camouflage optimal. Elle aurait tout le temps d'interroger Gérard à ce sujet. À bien y penser, elle pourrait également poser la question à ce garçon, Kaiga. Jules, pour sa part, semblait un peu plus à l'écart. Pour le moment, elle n'escomptait pas se rapprocher de lui.

-Ça va Iris? Tu as l'air un peu morose.

Elle s'adressait à la jeune mère sur un ton léger, presque joyeux, tout en préparant le chocolat demandé par Elyar. Cette femme avait souffert, cela se voyait sur son visage, et le lui rappeler en arborant un air sombre n'arrangerait certainement pas les choses!

Archange du Multivers Messages : 1317 Date d'inscription : 27/09/2011 Age : 32

//HRP// T'inquiètes pas, jeune Gogotte! Ce n'est pas bien grave! Continue à supposer comme ça, ce n'est pas bien grave de faire une si petite incohérence //HRP//

Iris hocha la tête face à la proposition d'aide de Blandine et Elise. Elle aurait pu se débrouiller toute seule, mais qu'importe. Lorsqu'elle entra dans la cuisine, elle tenta de retrouver ses repères, ce qui ne fut pas bien difficile. Après avoir trouvé où se trouvaient les bols et tasses, elle essaya de comprendre comment fonctionnait la machine à café dont l'allure moderne ne la rassurait pas vraiment. Lorsqu'Elise posa sa question, Iris, qui lui tournait le dos, réfléchit quelques instants avant de se retourner et formuler sa réponse. Essayant au mieux de sourire, elle déclara :

- J'ai peu dormi, à vrai dire. J'ai encore du mal à m'habituer à tout ça.

D'un geste large de la main, elle désigna la bâtisse en son ensemble. Après un instant de silence, elle retourna sur la machine à café, et appuya sur le bouton d'allumage.

- J'ai l'impression que je suis dans un rêve. Mais pas dans n'importe quel rêve! Ceux où l'on a l'impression de chuter, juste avant de se réveiller!

Elle s'interrompit, puis après avoir fini de préparer le café, elle demanda à la jeune adolescente :

- Et toi, ça te fais quoi, d'être dans la demeure des Taetras?

Griffon Messages : 687 Date d'inscription : 27/09/2011 Age : 30

[Excusez-moué pour mon absence ]

Tout en écoutant d'une oreille distraite les discussions autour d'elle, Jude s'était servie une tasse de café brûlante -à l'instar de l'ours sur sa poitrine- qu'elle buvait à petites gorgées. Lorsqu'elle tentait de reprendre le fil de la conversation, elle affichait une mine déconfite. En effet, sa bipolarité non soignée entraînait aussi des troubles de la concentration, et il lui était ainsi difficile de rester alerte sur une chose en particulier. Tout, sauf les livres. Comme quoi, le cerveau humain se trouvait être un mystère des plus complexes.

La jeune fille s'était adossée au mur, les jambes croiséEs, soufflant doucement sur sa tasse de café. D'un naturel assez timide, elle n'osait pas vraiment prendre part à cette conversation ... sans compter cette peur bleue que Jude développait pour Iris. La veille, elle ne lui avait pas adressé la parole, et la réciprocité était vraie. Elles vivaient, pour l'instant, dans l'ignorance de l'une de l'autre, et la jeune adolescente vivait très bien avec cela. Tout le monde semblait calme, et tandis que Jude regardait Kiwi avec un air attendri, elle renversa sa tasse sur ses cuisses nues, qu'elle rattrapa avec justesse.

- Merd... zut.

Sentant les regards se poser sur elle, la jeune fille se mit à rougir, essuyant négligemment les dégâts qu'elle avait causés. Pour s'intégrer -et surtout pour éviter les remarques de tous genres-, elle demanda :

- Qu'est-ce que Taetra a prévu pour nous ? Aujourd'hui. A votre avis.

Quand Elise lui avait dit que ce n'était pas la peine qu'elle se lève, Blandine s'était renversée sur son dossier et avait étiré ses bras avec délice, avant de dissimuler un bâillement derrière sa main. Au fond, elle aimait bien ne pas faire grand chose le matin, même si ce luxe ne lui était pas autorisé dans sa ville. Elle songea avec morosité que ce ne serait probablement pas le cas ici non plus, mais se reprit bien vite: si elle était là, c'était qu'il y avait une raison. Et puis ça irait mieux après le café, de toute façon.
La voix tranquille de Jude la tira de sa rêverie, et elle réfléchit une seconde. Qu'allaient bien pouvoir inventer Gérard et les autres ? Elle avait entraperçu Jules, tout à l'heure. Serait-il de la partie lui aussi ?

- Chais pas trop, finit-elle par lâcher. Ils vont probablement nous entraîner comme hier, peut-être pas au tir, mais à quelque-chose d'au moins aussi important. Je doute qu'ils nous envoient en mission dès le premier jour, alors que la plupart d'entre-nous ne sait rien faire d'utile à Taetra. Enfin je veux dire, ça demande surement plus d'entraînement qu'une heure ou deux à tirer sur des cibles, non ? Enfin, j'espère, ajouta-t-elle après une petite pause.

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