Jour 3 : Combats en équipe (2/2)

Déjà quatre confrontations. Nos créations s'étaient lancées dans l'arène, avec enthousiasme pour certaines, le cœur lourd pour d'autres. Mes pensée s'envolaient vers Iyoh, et une part de moi comprenait les raisons de son abandon. C'était un aveu de faiblesse. Et je compatissais. Lui qui avait été élevé par le chaos, qui avait grandi dans l'ombre et en était enfin devenue une, plus sombre que toutes, ne pourrait jamais connaître le bienfait de la sérénité. La pitié que je ressentais me poussait à chercher pour lui un cheminement autre, une porte de sortie, si petite soit-elle. Mais la difficile vérité me rattrapait : il n'y avait pas de portes. Un être né du chaos ne pouvait que disparaître dans le chaos. Aussi observais-je, au petit matin, la silhouette fantomatique de ma haine refoulée s'en aller à pas lents. Iyoh quitta le multivers sans prévenir personne, seul. Je cru comprendre qu'il se retournait pour me fixer, au moment où il allait définitivement quitter ma ligne d'horizon, mais cela ne dura pas. Bientôt, ma colère irrationnelle disparut, et je sentit un fardeau s'envoler. Je n'avais plus à me préoccuper de savoir que faire de cette part sombre, et mon bain de lumière n'était pas terminé. Le visage tiré, j'avalai la dernière gorgée du thé qui remplissait ma tasse l'instant précédent, et m'en retourna à mes quartiers solitaires. Le Pot nous avait accordé une loge à chacun, mais nous étions libre de nous réfugier auprès de nos camarades éthérés si bon nous semblait. Je pensais à le faire, mais cette perspective continuait de m'intimider. Je n'étais pas prêt à rencontrer Lilia. Peut-être car ce face à face marquerait d'une pierre blanche l'approche fatidique de l'au-revoir qu'il me faudrait lui faire. Pourtant, je le savais, elle ne me quitterai vraiment jamais. Mais il me fallait procéder par étape. Un guide vint m'interrompre alors que je me préparai à pénétrer de nouveau dans l'arène, fixant d'un œil surpris mes pieds nus. Face à mon regard, il désigna rapidement ma tasse.

-Un autre Thé, monsieur ?

-Non, merci. Si par caprice, je vous demandais un peu de soleil, j'y aurai droit ?

-Le Pot n'y voit aucune objection, répondit le guide, tout sourire.

Avec l'élégance propre aux siens, cet homme en costume sombre claqua des doigts et aussitôt le ciel encore noir s'éclaircit, tandis que nous gagnions deux bonnes dizaines de degrés. J’entrepris de me débarrasser du plaide qui me couvrait les épaules, mais mon interlocuteur me devança et, d'un nouveau geste, le fit disparaître. Levant le visage vers la voûte céleste, j'observai le soleil levant. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas observé avec une telle sérénité. Il me rappelait des moments paisibles, rares mais précieux, et me rendait nostalgique. Nous y étions presque. Encore trois jours, en comptant celui-ci, puis tout serait terminé. Pour autant je n'allais pas m'en plaindre. Il fallait profiter. Je m'affairai à relever les manches de ma chemise ouverte, resserrai mon bracelet, puis avança à grands pas. C'était le troisième jour du grand tournois du Pot, et aujourd'hui, nous allions avoir droit à trois combats supplémentaires. Et l'affiche s'annonçait pour le moins prometteuse. Arrivé dans les gradins, je constatai que beaucoup s'y étaient déjà installés, vêtus légers comme l'imposait le climat ordonné par mes soins. Darius avait affreusement mal dormi, pourtant cette nuit fut l'une des plus heureuses qu'il n'ait jamais passé. Puisque beaucoup était toujours endormis, l'un des guides fit avancer le temps jusqu'à approximativement dix heures du matin, et les gradins furent bientôt intégralement remplis. J'allai m'installer à côté de Vallen.

-Une idée de résultat ? lui demandais-je.

Lui ne m'intimidait pas. Il était certes un soldat d'élite, mais c'était avant tout quelqu'un de bon, de doux et de pacifique, malgré ses attitudes parfois un peu bourrues. Il me répondit avec la même aisance, comme si nous étions des amis de longue date.

-Difficile à dire, je ne sais pas grand chose ni de Darius Maffert, ni de June. Mais je connais Anya. Elle a affronté pire que tout ça, elle s'en sortira.

Kellue, elle, s'était aventurée dans les tribunes de Taetra pour rejoindre son compagnon, qu'elle commençait à supporter – apprécier aurait encore été un mot trop fort. Elle leur désigna les quatre candidats, qui venaient d'être invités à rejoindre le centre de l'arène. Celle-ci était un terrain vague parsemé de bâtiments en ruines et de multiples obstacles, mais dont la verticalité demeurait faible.

-J'en ai discuté avec Ohihir, dit-elle, et même si tu me montres l'énergie, je ne parviens pas encore à la comprendre. Mais toi si. Alors, qu'en est-il des leurs, à ceux-là ?

Jules observa les quatre concurrent avec attention, puis sourit, semblant satisfait.

Abaissant sa capuche, il se concentra quelques instants, son iris et sa pupille effectuèrent une rotation sur eux-même, comme si Jules ajustait sa vision comme un objectif d'appareil photo.

Il se redressa tout en frottant son oeil.

Kellue hésita un instant puis agrippa finalement la main de Jules, curieuse de croiser ses dires avec la perception qu'elle-même aurait de la scène. Comme prévu, elle ne voyait pas les mêmes choses. Peut-être que leurs émotions respectives modifiaient la perception des flux d'énergie ? En un point toutefois, elle tombait d'accord avec son acolyte : l'énergie de June était aveuglante. Peut-être car il en dégageait énormément, ou peut-être car son pouvoir avait un lien avec la lumière. Seul Jules était en mesure de savoir quelle était la réelle étendue de la puissance de cet homme encapuchonné. Très vite, la porteuse d'Ohihir se sentit prise de vertiges et dut lâcher la main de son camarade. Cette expérience était encore trop éprouvante pour elle. Elle préférait simplement lui faire confiance ! En bas, le guide se racla la gorge pour réclamer l'attention des spectateurs, qu'il gagna presque aussitôt.

-Cher public, cette seconde journée d'épreuves peut débuter. Une ovation pour l'équipe neuf et l'équipe dix !

Les tableaux affichèrent alors les visages des adversaires. Anya Belse et Darius Maffert contre Oloren Ehlkaÿd et June de Taetra. Esmezia s'était penchée avec Alix pour crier des encouragements à leur amie, mais bientôt la bulle habituelle se forma autour du champ de bataille, empêchant tout son nuisible d'interférer. Le guide téléporta les candidats aux extrémités du terrain, et lança le coup d'envoi. Tandis qu'il commençait d'une main à faire venir vers lui tout le métal à portée, Darius se tourna vers Anya.

-Si ils sont armés, ils ont déjà perdu, affirma-t-il avec un sourire.

Il s'accroupit alors à même le sol et commença la formation de ses trois premiers myrs, qui n'avaient pour seule utilité que de servir d'éclaireur et de détecter les autres éventuelles source d'acier. Darius le savait, face à des adversaires sélectionnés pour le tournoi du Pot, il lui faudrait du gros calibre. Et puisque le spectacle semblait divertir la foule, il allait leur offrir l'argousin si cela s'avérait nécessaire. Mais il en doutait. Selon ce qu'il avait entendu dire, Oloren était une épéiste. Dès qu'ils l'auraient en visuel, elle mourrait. Concentré sur ce qu'il faisait, Darius fit signe à sa camarade qu'il la laissait à la tête de l'équipe. L'Eldarak n'était pas quelqu'un de contrariant.

Deux de mes créations contre une des leurs chacun, encore. Cela sonnait comme une revanche pour moi, un peu déçu qu'Arawn n'ait eu de meilleure chance, et surtout n'ait fait preuve de plus de patience. Cependant, Oloren était à présent bien meilleure qu'Erlyn ne le fut jamais, et June comptait parmi mes créations les plus puissantes. Je doutais réellement de l'équilibre du combat, mais j'étais aussi convaincu que ces créations de mes deux camarades seraient plein de surprises. Comme j'en avais maintenant pris l'habitude, je me trouvais dans les gradins en compagnie de ceux qui étaient nés de ma plume.

June fut satisfait de la configuration du terrain, qui lui rappelait son monde d'origine, Oloren avait l'habitude des villes, quelle qu'elles soient, aussi elle se contenta de cela, faute de mieux. Très vite, dès qu'ils furent téléportés, en fait, ils profitèrent de leur formidable vitesse commune pour se cacher dans les bâtiments environnants, trouvant toujours moyen d'en infiltrer un autre sans être vus. J'avoue avoir moi-même été surpris de voir que June était en fait des milliers de fois plus rapide que sa camarade, mais tâchait de rester proche d'elle. Très vite, la jeune femme aux cheveux neige remarqua un myr, qui patrouillait.

June se contenta d'esquisser un geste vague de la main pour seule réponse. Ils avaient pour l'occasion revêtu des vêtements dont la conception ne me fit hésiter à aucun moment, c'était Ralën qui s'en était occupé. Bien que la tenue d'Oloren ressemble trait pour trait à celle disposant de petites pièces métalliques, voir la Lumière de Taetra aux couleurs de Valato ne me sembla pas si absurde, au contraire, cela lui donnait un air quelque peu propre et neuf, ainsi de tissu et de cuir noir vêtu.
Oloren fit une sortie expresse du bâtiment, tranchant le myr en deux, et se retrouva à son point de départ grâce à un itinéraire rapide et calculé. Positionnant sa main en pistolet, tendant l'index et le pouce, June en fit jaillir un trait de lumière concentrée qui pulvérisa un autre myr. Presque aussitôt, ils changèrent de bâtiment où se cacher ... Le combat commençait enfin, et le spectacle allait être grandiose.

Déjà deux myrs en moins. Darius les contrôlait à distance sans vraiment se concentrer sur cette activité, mais parvenait à récupérer leurs informations sensorielles presque instantanément. Ce processus, il avait mis des années à le maîtriser. Parvenir à multiplier ainsi ses yeux et ses oreilles demandait une maîtrise parfaite de son esprit et de ses pouvoirs. Cette maîtrise, il l'avait. Ses créations n'avaient pas pour seul but de se battre, bien évidemment. Il avait désormais en tête une partie infime des capacités de ses ennemis. L'une pouvait atteindre une vitesse et une force de frappe suffisante pour trancher un argenté, tandis que l'autre, à distance, pouvait tout simplement la détruire. Les pronostics du jeune homme s'avéraient pour l'heure corrects : Oloren Ehlkaÿd ne représentait pas un réel danger. Le monstre de fer qu'elle venait de découper en deux se reconstruisit en effet rapidement et reprit sa route au hasard, n'ayant eu le temps de voir d'où venait l'attaque. Dissimulé à la base du bâtiment où lui et son équipière s'étaient réfugiés, l'Eldarak fit se soulever la terre sous ses pieds puis déplaça la roche, bloc par bloc, afin de former un semblant d'escalier lui permettant de rejoindre Anya. Accablé par la chaleur du soleil estival, il laissa choir son manteau, révélant des longs bras, fins mais noueux. Autour de lui commencèrent à léviter quelques sphères d'acier. L'une d'elles vint former un anneau qui attacha ses cheveux, longs au niveau de la nuque. Il s'accroupit près de sa camarade, en hauteur.

-La fille a coupé un myr, j'ignore comment. L'homme attaque à distance. J'envoie l'argousin ?

Il disait vrai pour le cas d'Oloren. Peut-être que son monde regorgeait d'aciers aux propriétés uniques qui rendait leurs armes assez aiguisées pour pénétrer le fer comme le chair, mais du moment que cette dite lame était faite d'un minerai quelconque, il aurait une emprise totale dessus. La question de l'argousin était quant à elle relativement cruciale. Darius ne doutait pas un seul instant de la puissance de son unité la plus résistante, mais il ne pourrait certainement pas en créer deux en peu de temps. Il faudrait donc choisir le moment clé où jouer cette carte, car ils n'en disposaient, selon toute vraisemblance, que d'un exemplaire. Les myrs argentés continuaient pour leur part d'apparaître partout où le champ de vision du jeune homme s'étendait, pour peu qu'il y ait une source du matériau nécessaire. Hors sur ce terrain vague l'acier ne manquait pas ; et plus les myrs apparaissaient, plus le champ de vision de Darius croissait. Des galvaniseurs, plus rares, commençaient à émerger au milieu de leurs congénères mollassons. Ceux-ci étaient plus vifs, plus incisifs, plus fragiles également, mais autonomes. Ce furent bientôt une quinzaine de ces créatures qui avancèrent pour fouiller une à une les ruines des bâtiments.

La situation ne semblait plus encline à avancer. La vitesse commune à leurs deux adversaires les empêchait de se faire prendre par les myrs, puisqu'il leur suffisait de changer de bâtiment dès lors qu'ils étaient sur le point de se faire attraper, évitant ainsi toute confrontation. Mais s'ils décidaient de temporiser, cela ne pouvait que leur desservir, car Darius pendant ce temps continuait de créer ses redoutables créatures animées. Restait que le jeune homme n'était pas des plus patients et aimait s'amuser, aussi demeurer immobile des heures durant ne l'enchantait pas. Bien vite, il se redressa pour étirer ses bras, puis attira jusqu'à lui une sphère d'acier qu'il faisait croître depuis toute à l'heure. Le métal s'affina alors pour venir se plaquer sur ses membres, créant plaques par plaques une fine armure qui ne gênait en aucun cas ses mouvements, et qui recouvrait l'intégralité de son corps. Au niveau de ses poignets, plusieurs lames pouvaient se rétracter en un éclair, et des points semblables à des flèches continuaient de virevolter lentement autour de l'Eldarak. Celui-ci se tourna vers sa camarade.

-Tu veux la même ? lui demanda-t-il.

Anya ne pu en vouloir au garçon de ne pas lui avoir informé de cette spécificité de son pouvoir, bien qu'elle semble à présent tout à logique. Acquiesçant, la jeune femme se retrouva très vite vêtue d'une fine armure de fer, qu'elle demanda à Darius de renforcer le plus possible, sans pour autant négliger sa mobilité. Grâce à ses capacités uniques, quelque soit le poids de sa protection, elle n'en serait pas affectée.

Ils patientèrent ainsi encore quelques longues minutes, où quelques myrs furent décimés sans pitié, malheureusement trop rapidement pour qu'ils puissent obtenir des informations satisfaisantes sur la localisation des ennemis. Mais la chance leur sourit alors. Anya cru apercevoir l'adolescente qu'ils poursuivaient, à une cinquantaine de mètres d'eux. Un autre éclat de lumière blanche confirma que la jeune Oloren se déplaçait de batiments en batiments, près d'eux.

D'un signe de tête, la jeune femme indiqua à son coéquipier qu'il était temps d'abattre leur plus puissante carte. Alors que Darius commençait à invoquer sa créature, Anya, profitant de l'effet de surprise, se jeta du haut de l'immeuble sur l'adolescente, l'arme au clerc.

Darius acquiesça et s'affaire à la conception de l'armure de sa camarade, ce qui ne fut en somme pas bien compliqué : il suffisait de plaquer les fines couches d'acier sur son corps, et sa maîtrise les faisait adopter les courbes optimales. À sa demande, il renforça au possible la structure quitte à l'alourdir quelque peu, conscient que des soucis liés à sa masse ne l'affecteraient aucunement. Il prit soin de se dissimuler mieux encore avant qu'elle ne passe à l'attaque, et concentra son attention sur Oloren avant que le choc entre les deux femmes n'aie lieu. Si la valatienne dégainait sa lame, Darius le lui arracherait des mains aussitôt. Ce faisant, il ordonna à trois de ses myrs de commencer à modeler le matériel nécessaire à la fabrication de l'argousin. En le faisant lui même cela aurait été bien plus rapide, mais mieux valait soutenir Anya pour l'heure. Quelques unes des créatures d'acier avancèrent vers le lieu de la possible confrontation.

Oloren s'écarta sous un signal de June, se déplaçant rapidement à une bonne distance, dégainant son épée, se doutant que Darius n'attendait que cette occasion. Cependant, il aurait une surprise en s’apercevant son incapacité à se servir de l'arme contre sa propriétaire. Bien renseignés, ils avaient troqués leurs armures habituelles contre d'autres qui ne comportait aucune pièce de métal, les croyait-on assez stupide pour ne pas aussi penser à l'armement ? Si tel était le cas, alors leurs adversaire, aussi puissants qu'ils puissent être, étaient bien naïfs.

Voyant les myrs s'affairer, June ne perdit pas de temps, et se rendit sur place avec une vitesse folle. Il les gratifia de rayons lumineux qui leur firent partager le sort de leurs précédents semblables, faisant ainsi face à Darius. Se tenant droit, penchant la tête sur le coté, il ne refléta aucune fatigue, mais ne laissa pas au jeune homme le temps de l'observer plus avant, lui envoyant deux rayons de lumière sans préavis.
Dans les gradins, Jules plissa les yeux avant de mettre une main devant son visage, éblouis ...

Ainsi, Oloren ne s'était pas aventurée jusqu'à leur territoire en vain. Leurs adversaires attaquaient enfin. Surpris de ne pouvoir contrôler l'arme de la jeune fille, Darius ne remarqua pas tout de suite que ses artisans avaient été mis à mal et que la conception de l'argousin s'en trouvait compromise pour l'heure. Déjà, June était sur lui. Comprenant qu'il allait attaquer, l'Eldarak fit s'unir ses pointes d'acier pour former face à un lui un bouclier protecteur. Il vola en éclat lorsque le premier trait lumineux l'impacta, et le masse rocheuse qu'avait eu le temps de soulever Darius le sauva de la seconde attaque. La force de celle-ci le fit cependant virevolter en arrière, et il chuta de sa cachette en hauteur. Comprenant qu'il allait heurter le sol, le jeune homme rabattit ses bras le long de son corps et inclina ses pieds vers le bas. La terre formant le sol de l'arène vint alors l'encercler, puis il disparut sous terre sans laisser de trace. Tel des sables mouvants, la surface ondula sous la masse d'acier accumulée par le fils de la terre, et celle-ci disparut à son tour dans les profondeurs. Darius n'y voyait rien là-dessous, mais il pouvait aisément se diriger et finir son œuvre sans se baser sur son acuité visuelle, n'ayant pour cela qu'à sentir le métal et se laisser aimanter vers lui. Bientôt, il eut rejoint sa ressource et s'efforça de faire au plus vite, soucieux de laisser Anya seule à la surface le moins longtemps possible. Le résultat le surprit lui-même. En quelques secondes à peine, l'argousin était prêt. Il fallait croire que finalement, les autres myrs avaient quand même eu le temps de prédisposer la matière première la transformation qu'elle allait subir. L'imposante bête se leva de toute sa hauteur, défonçant par ce simple redressement le plafond de la galerie, trop bas pour le contenir. Darius tapota le ventre rend de la bête avec un sourire satisfait. Il l'avait parfaitement réussi. Qu'ils essaient de le démolir, celui-là ! Le combattant solidifia la terre aux pieds de son subalterne, formant une plateforme rocheuse dont il se servit pour propulser la créature jusqu'à la surface, où elle retomba avec fracas. Immédiatement, elle se mit en marche, se dirigeant vers Oloren. La stratégie de l'argousin était simple : foncer tout droit. Les obstacles ne faisaient pas long feu, à l'instar de cette ruine d'habitation qui vola en éclat sous le coup de sa charge implacable. Contre des adversaires aussi vifs, il aurait été étonnant qu'il parvienne à frapper, mais cela tenait surtout de l'avertissement. S'ils se permettaient de baisser leur garde, n'aurait-ce été qu'une paire de secondes, ils en subiraient les conséquences. Darius ressortit aussitôt de sous la terre, toujours équipé de son armure, et tendit la main vers un myr avoisinant. Celui-ci se disloqua en une série de sphères qui vinrent léviter autour de leur maître. Deux d'entre elles prirent la forme de pointes acérées, et fusèrent droit sur June.

Un peu déçu d'avoir échoué à empêcher la création d'un argoussin, June ne fut pas déstabilisé pour autant, depuis toujours, il était recensé comme le sourcier le plus puissant de Taetra, et il comptait bien le prouver. Ses mains se mirent à luire alors qu'il entreprit une course folle en direction des projectiles, envoyant un simple rayon pour les désintégrer. Une fois débarrassé, il dirigea sur l'Eldarak deux autres rayons lumineux, puis joignit ses mains pour en envoyer un troisième, bien plus puissant et dévastateur. Sans tarder, il dirigea deux autres rayons sur Anya, puis en relança encore un sur Darius.

Oloren voyant foncer l'argoussin sur elle ne s'inquiéta pas une seconde, et choisit de l'esquiver avec précaution, sachant que l'autre serait occupée. Selon Jules, se retrouver au corps à corps avec un tel golem s'apparentait à une mort atroce dont on ne pouvait échapper. Il aurait été facile de se concentrer sur la créature de métal, cependant son rôle était pour le moment achevé, et de par sa taille et sa constitution, elle aurait bien le temps d'être prévenue avant de devoir s'en inquiéter de nouveau, elle conserva donc Anya dans son champs de vision.

Quatre attaques à éviter et un temps éclair. Il fallait que Darius réfléchisse, et vite. Si ces rayons de lumière étaient assez puissants pour désintégrer un myr, il estimait qu'il en faudrait deux pour venir à bout de son armure. Il pouvait donc soit encaisser les deux premiers, soit celui porté à deux mains, mais pas plus. Un galvaniseur vint se jeter sur la trajectoire du premier projectile d'énergie, sa sacrifiant pour protéger son maître. Cette intervention inattendue surprit l'Eldarak, qui ne put esquiver la seconde attaque et la prit de plein fouet, reculant d'un bon pas à l'impact. Son œil croisa alors un mur délabré qui tenait à peine debout non loin. Profitant du mouvement giratoire qu'avait imposé le premier coup – porté à l'épaule – à l'intégralité de son corps, Darius rabattit sa main gauche vers lui, et le mur vint se placer entre sa personne et son adversaire. Le rayon porté à deux mains vint détruire la structure fébrile, et la quatrième et dernière attaque toucha de nouveau le fils de la terre. Comme prévu, l'armure ne tint pas et se désagrégea sur le coup, confirmant les craintes du jeune homme concernant June. Cet homme mystérieux posait problème. Ils ne pouvait l'attaquer frontalement sous peine d'être détruits en un instant, et il était impossible de le prendre de vitesse. Darius voyait pour l'heure deux solutions, et opta pour la seconde. Conscient que son ennemi ne lui laisserait pas une seconde de répit, il utilisa la même méthode que lorsqu'il était sous le sol pour former une plateforme sous les pieds de l'argousin, et il propulsa celui-ci en direction du sourcier. Espérant sans trop y croire que son monstre parviendrait à porter un coup, il profita surtout de la distraction pour s'enfuir et amasser à son passage des pièces de ferraille qui vinrent reformer son armure petit à petit. Une fois que celle-ci fut de nouveau opérationnelle, il détruisit un myr qui passait à proximité pour former une vingtaine de petits dards acérés qu'il lança via divers angles sur June, puis il tendit les jambes pour fortifier ses appuis. À la moindre attaque, il disparaîtrait de nouveau sous terre. Autour de lui, un quatuor de myr s'amassaient, observant dans toutes les directions afin de s'assurer que leur créateur ne souffre d'aucun angle mort et puisse se replier en toute circonstance.

June esquiva d'abord, l'argoussin, une nouvelle fois. Les dards furent plus complexes à contrer, mais rien que June ne puisse considérer comme une épreuve insurmontable. Fier de sa prestation, il reçu un violent coup dans le dos. Réactif, il se servit de sa vitesse formidable pour esquiver le projectile, ainsi que la lame. Les deux adversaires à présent plus proches, Oloren se servit de son don pour les ralentir, tout en laissant son coéquipier libre ... Le temps leur manquerait donc pour esquiver les multiples rayons qu'envoyait désormais June en rafale ...

June esquivait leurs attaques avec brio, ne se laissant jamais atteindre, et rétorquait avec des rayons toujours plus nombreux. Darius sentait en outre ses mouvements ralentis, et comprit que la jeune Ehlkaÿd était venue ajouter son pouvoir à la cacophonie de leur confrontation. Attaquer de front ne servait à rien, et puisqu'il pouvait se replier à volonté, autant faire en sorte de gagner ce combat. Après tout il avait une caméra à gagner, et escomptait vraiment en faire l'acquisition. Comme prévu, il disparut donc de nouveau sous terre, veillant à s'enfoncer à plusieurs mètres de profondeur, et emportant avec lui ses myrs. Il tenta de faire en sorte qu'Anya puisse elle aussi échapper aux attaques multiples du sourcier en la faisant chuter en douceur vers le petit réseau de galeries qu'il avait commencé à creuser, mais ne pouvait s'assurer que cela avait fonctionné pour l'heure. Sans perdre de temps, l'Eldarak détruisit ses créations pour en faire une simple sphère d'acier, sur laquelle il commença à se concentrer. Il allait devoir la faire croître pour disposer d'assez de ressources pour animer une véritable armée. À l'extérieur, les myrs attaquèrent les deux ennemis à la vivacité hors du commun. Les galvaniseurs se mirent à virevolter, tournoyant en bondissant, toutes lames dehors. Deux sautèrent du haut d'un bâtiment, chutant en direction d'Oloren.

S'engouffrant dans le trou avec le peu de célérité qui lui restait, Anya flotta dans l'abyme avec un étrange sentiment de perte de contrôle. Le pouvoir d'Oloren, loin d'affecter sa gravité, perturbait néanmoins sa chute ainsi que ses capacités de mouvements. Lorsque le tunnel se referma sous elle, la SCAMT observa les alentours avec difficulté, gênée par la soudaine obscurité. Après le soleil éclatant de la surface, les tréfonds du terrain avaient de quoi "éblouir" par leur absence de lumière. Tâtant les alentours avec précaution, la jeune femme comprit qu'elle ne pouvait avancer que dans une direction. Pressant le pas, elle se décida à rejoindre Darius, qui devait être au bout du chemin. Après quelques secondes d'une course prudente, elle le repéra enfin, grâce au son de sa respiration.

- Merci de m'avoir sauvé la mise fit elle dans un murmure.

L'intervention de l'adolescent venait sans doute de lui sauver la vie, si tant est qu'on pouvait encore la considérer comme mortelle, avec l'entité omnipotente qu'étais le Pot.

- Écoutes moi attentivement, je pense que j'ai un plan...

Une fois l'idée exposée, Darius commença son œuvre, sous les oreilles émerveillées de la jeune femme, qui si elle ne pouvait voir les miracles qu'accomplissait le jeune homme, était au moins capable d'entendre la terre se mouvoir autour d'elle.

Après s'être occupé de chacun des myrs à grand coups de rayons lumineux, June passa la main dans son dos pour s'administrer quelques soins, suite au coup reçu. Fort heureusement, sa tenue renforcée faisait bien son travail, mais tout aussi épais et léger que puisse être ce cuir, un coup restait un coup. Le fait qu'ils aient encore disparût agaça le sourcier, qui en rugit d'une voix inhumaine. Oloren en sursauta, se demandant ce qui pouvait bien se cacher sous cette capuche et ce masque, même les grognements d'Arawn ne l'avait jamais autant perturbée. Elle se concentra cependant très vite sur le combat à nouveau, si cette chose était encore de son coté, tant mieux.

Encore une fois, la terre se trouvait être son refuge ... Bien qu'il compta assez peu sur le fait que ses deux adversaires soient restés sur place, il se rendit sur la position initiale de Darius avant de produire un rayon d'une grande puissance, intense et furieux, en direction du sol, qui se creusa sans difficulté sous la puissance déployée. Les manches de tissu de June se déchirèrent sous l'intensité de sa propre attaque, découvrant sa peau noire. Le combat n'étant pas terminé, il ne considérait pas à ses adversaires le droit de se reposer ou de réfléchir. De son coté, Oloren pris position de manière à pouvoir anticiper toute attaque, d'où qu'elle vienne.

Dans les gradins, Jules venait d'être violemment ébloui, aussi clignait-il de l’œil, qui venait d'être quelque peu rougi. Un guide fit rapidement son apparition pour s'occuper de cet oeil soudainement endolori, lui permettant de voir la suite des événements. Il se pencha en avant d'un air choqué en remarquant un détail particulier ...

Enfin, le combat tournait à leur avantage. Le plan d'Anya fonctionnait à merveille. Les myrs envoyés à la surface ne devaient faire office que de distraction ; en cela, le travail était parfaitement accompli. Durant les quelques instants de répit, aussi bref aient-ils été, Darius avait préparé ses galeries afin que celles-ci forment un redoutable piège. Ils savaient qu'en se dissimulant et en les harcelant avec les créatures d'acier, leurs adversaires finiraient par venir les chercher. Et c'était exactement ce que l'équipe troglodyte attendait. Lors l'éclat lumineux créé par June creuse le sol, ce fut un véritable abîme qui se révéla sous ses pieds, et qui se referma sitôt qu'il eut engagé sa chute. Le plafond de cette grotte dans laquelle il venait de s'enfermer s'épaississait au fur et à mesure, grâce au pouvoir de l'Eldarak, qui avait fermé les yeux et posé une main à plat sur la paroi rocheuse, dans une galerie voisine. Il faisait en sorte que June ne dispose d'aucun échappatoire et se retrouve enseveli. Puisqu'ils ne pouvaient pas le vaincre, autant s'en débarrasser. À l'extérieur, l'argousin profita de l'arrêt d'Oloren pour agripper tout un pan de mur et le lancer droit sur elle. Kellue, dans les gradins, interrogea Jules du regard lorsqu'il poussa un cri, puis surenchérit par des mots lorsqu'un guide vint le soigner.

-Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda-t-elle, plus surprise qu'inquiète.

Un trou. Un piège aussi simple qu'un trou refermé ... Décidément, ces gamins commençaient à agacer le taetran. Durant sa chute, il se pencha de telle sorte qu'il se rapprocha d'une paroie. Une fois ceci fait, il se servit de sa prodigieuse vitesse pour remonter, tout en pulvérisant le plafond de rayons lumineux ... Et fut percutée par Oloren, qui le sauva d'une rencontre avec un mur entier grâce à sa prodigieuse vitesse. June entreprit de soigner rapidement le coup qu'il venait de recevoir au flanc, remerciant Oloren d'un hochement de tête. Cet argousin commençait à être gênant, lui aussi.

Cependant, si cette chose ne semblait pas avoir de point faible, il ne serait pas nécessaire d'en trouver un pour l'anéantir, car bien que probablement plus dense, il était constitué du même métal que ses petits frères. June revint lui faire face, tandis que sa camarade resta cachée dans un immeuble, pour prévenir de tout danger. Écartant brièvement les bras de chaque coté, il envoya un grand rayon lumineux d'une forte intensité droit sur la machine de guerre.

L'énergie déployée par June dépassait tout ce qui avait pu être vu jusqu'à lors dans cette compétition. Ne connaissant pas la peur ni l'hésitation, l'argousin avança à pas lourds à travers ce puissant afflux, tentant de le remonter durant quelques secondes avant de voler en éclat et de disparaître complètement, réduit en poussière. Darius eut un sursaut à l'instant où sa créature fut ainsi annihilée. Il avait ressenti cette formidable force et n'était pas certain d'avoir quoi que ce soit qui puisse y résister, mais plus l'affrontement se prolongeait, plus le jeune homme le sentait : ils ne pourraient pas gagner en évitant la confrontation. Tant pis pour les myrs, il fallait qu'il utilise cet acier qu'il avait accumulé pour partir à l'attaque lui-même. Cette optique l'effrayait bien sûr, lui qui détestait être blessé, mais semblait également le faire frémir d'impatience. Nul à part Garion ne lui avait opposé une résistance digne de son nom de toute sa vie. Il avait enfin l'occasion de s'amuser réellement. Il se tourna vers Anya.

-On va attaquer, murmura-t-il. Laisse moi un instant.

Droit dans son siège, les mains croisées, Erik observait avec intérêt les actions de June. Lors de ses investigations sur Taetra, il s'était retrouvé confronté à cet être, et avait réussi à s'en réchapper. À aucun moment il n'aurait pu supposer qu'il soit aussi puissant, et s'il l'avait su, il n'aurait certainement pas cherché à s'opposer à lui. Le regard du militaire s'arrêta un instant sur Jules. C'était lui qui était à la tête de cette organisation terroriste. Quels autres atouts avait-il encore sous la manche ? Dire que les organisateurs avaient décidé de limiter l'utilisation des artefacts valatiens par peur de déséquilibrer le tournoi...ils allaient peut-être devoir revoir leur jugement d'ici les manches suivantes, car à ce rythme, Erik ne voyait pas qui pouvait stopper June. Encore que, vu la façon dont s'activait le fils de Maxmilien Maffert, rien ne semblait jouer. Ces deux là étaient probablement les sourciers le plus puissants. Erik n'était en tout cas pas le seul à observer avec attention ce combat : Lilia scrutait également le moindre des mouvements des membres des deux équipes. Yuko lui avait bien dit que ce combat serait intéressant, et il ne s'était pas trompé. Selon lui, quel que soit le cas de figure, Darius ou June finiraient en finale. Il pouvait se tromper, bien sûr, mais elle lui faisait totalement confiance et préférait glaner le plus d'informations possibles sur ses éventuels futurs adversaires. La mutante remarqua que Charlène semblait tout aussi passionnée qu'elle, mais le fait qu'elle n'aie d'yeux que pour l'Eldarak ne lui échappa pas et la fit sourire. Pour une fois qu'elle s'impliquait. Se détournant brièvement de l'affrontement, Lilia s'approcha de sa jeune amie.

-Il va sans doute gagner, tenta-t-elle de la rassurer sans être convaincue par ses propres dires.

-J'espère que non, répondit Charlène. Il me devra un myr.

Les plaques d'acier commençaient de nouveau à s'accumuler autour de Darius, mais semblaient enclines à former cette fois-ci une armure fort différente de la dernière. L'acier, sombre, vint former un véritable exosquelette autour du fils de la terre et bientôt, son apparence fut sans équivoque : il ressemblait en tout point à un myr, si ce n'était qu'il mesurait près de trois mètres de haut et que son blindage lui accordait une aura imposante. À l'intérieur de cette armure suprême, le jeune homme s'assura que ses mouvements n'étaient pas entravés et constata avec satisfaction mais sans surprise que tout fonctionnait à merveille. Déplacer par sa force physique cet enrobage était évidemment impossible, aussi se mouvait-il via sa maîtrise de l'acier. Sept myrs haut d'un demi-mètre se formèrent depuis les ressources restantes, et virent s'agglutiner autour des jambes de leur maître. Leurs yeux ainsi que ceux de Darius et les différents motifs sur leurs corps se mirent à luire d'un rouge pâle, et le jeune homme tendit un bras à la verticale. Lui, ses larbins et sa camarade furent propulsés à la surface, à temps pour voir l'argousin disparaître définitivement. L'Eldarak se tourna aussitôt vers June et décrivit un arc de cercle de son bras gauche. Le sol se souleva, formant des pilonnes rocheux qui tentèrent de happer le sourcier tandis que Darius avançait vers lui. Ses premières enjambées furent relativement lentes, puis bientôt devinrent vives et régulières, si bien que sa célérité, si n'étant aucunement comparable à celles de leurs deux adversaires, atteint un niveau remarquable. À mi-distance, il tendit ses bras vers deux bâtiments en ruines alentours, et les fit chuter en direction d'Oloren et June, puis termina sa course sans attendre de voir si ses attaques précédentes allaient toucher. De ses poignets jaillirent de longues lames. Il était prêt pour le corps à corps.

La transformation de l'Eldarak se révéla plus impressionnante que tout ce qu'avait jamais vu Anya. Si elle avait pu se sentir bien supérieure au gamin au premier regard, elle n'avait plus du tout ce sentiment désormais. Si sa taille était imposante, c'était surtout son pouvoir qui l'époustouflait. Chacun de ses mouvements devaient déplacer des milliards et des milliards d'atomes de fer, chose pourtant impossible lorsque le métal n'était pas en fusion. De simples actions devaient demander une concentration extrême, alors attaquer leurs adversaires ? Peut être Darius ne fonctionnait-il qu'à l'instinct, mais cela semblait peu probable étant donné l'attention qu'il donnait à la création de chacun de ses myrs.

Décidée à aider son allié et le défendre, elle concentra son attention sur June, le seul véritable danger pour Darius. En effet, Oloren aurait beaucoup de mal à éliminer l'Eldarak avec ses capacitées et sa petite taille. Anya garda tout de même un œil sur l'adolescente. Il était fort probable qu'elle tente de l'attaquer. Heureusement, la fille aux cheveux blancs ne pouvait voler, contrairement à elle. Enchainant les bonds autour de leurs deux adversaires, la jeune femme attendait le bon moment pour effectuer une attaque fulgurante, avant que Darius ne fasse s'écrouler un batiment sur eux. Sautant sur l'épaule du golem, elle se pencha près de l'endroit où devait se situer sa tête, espérant qu'il puisse l'entendre.


- Une action combinée sur June lui serait probablement fatale. Il est plus fort, mais bien plus impulsif que la gamine.

Pendant ce temps les débris d'immeuble se transformaient en poussière autour d'eux. Peu désireuse d'être attaquée par surprise, la jeune femme défia la gravité et sauta d'une centaine de mètres de hauteur, afin d'observer les alentours plus aisément

Bien plus rapide qu'Oloren, June se servit de sa vitesse à son maximum, attrapant sa collègue au vol, ils regardèrent ensuite leurs adversaires observer les décombres desquels ils avaient échappés depuis déjà un certain moment ... Les cheveux d'Oloren étaient à présent bien tirés en arrière et ne revenaient plus former sa petite frange habituelle, elle eut même du mal à tenir sur ses jambes pendant un instant, mais ce fut heureusement très court.

Sans prendre le temps d'en discuter, Oloren lui accorda une vitesse accrue, pendant qu'elle fixait Anya, suspendue en l'air. June profita alors de cette vitesse pour charger de plus puissants rayons plus rapidement encore, qu'il tira autant sur ses deux adversaires, tel une mitrailleuse de lumière. Darius pouvait bien se couvrir d'autant de métal qu'il voulait, cela restait du métal. La jeune fille aux cheveux blancs était quant à elle se tenait prête à bouger en emportant son camarade.

Anya était sans l'ombre d'un doute la plus avisée de leur duo en ce qu'il s'agissait de stratégie, aussi Darius acquiesça-t-il à sa dernière proposition. Il avait beau pouvoir éviter toutes leurs attaques, s'ils parvenaient à le prendre par surprise, ils étaient fichus. Mais avaient-ils bien besoin de prendre des risques inconsidérés ? Certes, l'Eldarak commençait à perdre patience et la frustration montait à force de ne jamais atteindre sa cible, pour autant il était un maître absolu du métal. Tant qu'il voyait son adversaire, il pouvait le prendre par plusieurs côtés à lui seul. Encore que. À n'en pas douter, il se déplacerait suffisamment vite pour ne plus être perceptible par ses iris. Après tout, et malgré son grand pouvoir, Darius restait un être humain, à l'inverse de cette chose. Car lui n'en doutait plus, son adversaire n'avait rien d'un homme. Le garçon se ressaisit. Ce n'était pas le moment de baisser les bras, il pouvait encore gagner ce combat, et sa camarade avait pris une position avantageuse. Grâce à son pouvoir, elle pourrait sous peu mener un assaut ravageur et vif. C'était le moment ! Pourtant il fut une fois encore stoppé dans son élan. June, qu'il pensait pouvoir harceler en attaquant de nouveau, se tourna vers lui pour envoyer une fois encore ses projectiles énergétiques, plus nombreux et vifs que jamais. Faisant fi des réflexes acquis par des années de pratique de la maîtrise de la terre, le créateur des myrs stabilisa sa position et fit se redresser les décombres des immeubles afin de former une couche protectrice qui ne tint qu'un bref instant face à l'assaut de leur redoutable opposant. Bientôt, ce fut son armure qui fut assaillie et qui, à son grand désarroi, se perça. La roche et l'acier, deux composantes essentielles de son arsenal ; il les avait toujours utilisé pour se défendre de n'importe quelle attaque. Ses maîtres puis son expérience lui avaient appris à tout encaisser, à se fortifier, et cela avait fonctionné. Il fallait alors se rendre à l'évidence : il était simplement tombé sur quelqu'un de plus fort encore. Même Garion, son homologue, n'avait pas pu percer sa forteresse frontalement. Voilà que cette légendaire invincibilité volait en éclat en même temps que sa chair meurtrie par la morsure lumineuse. Les myrs restant s'inanimèrent, et Darius réapparut dans les tribunes. Même Pandora ne pensa à venir le titiller tant ce combat lui semblait déséquilibré. Et c'était peu dire. Si le niveau de June surpassait tant celui de Darius, qui était pourtant à sa connaissance l'être le plus puissant de son monde, elle ne pouvait qu'être satisfaite d'avoir perdu son propre combat et de ne pas risquer de tomber sur le monstre encore dans l'arène. Quelque peu déçu mais prenant la chose avec légèreté, le jeune homme concentra son attention sur les écrans. Anya pouvait peut-être encore l'emporter.