Wuhm

Cela devait faire une semaine qu'ils voyageaient ainsi. La neige allait bientôt tomber, et les conditions de voyages allaient se faire de plus en plus difficile. L’inquiétude de certains membres était visible. D'autres, comme Laly, n'avaient que faire de ces brusques changements de températures. Elevir avait proposé de partir en avance pour Wuhm. Il avait quelques contacts qui pourraient lui refourguer nourriture et équipements à moindre prix. Les autres avaient vu d'un relativement mauvais oeil ce départ en solitaire du gentleman voleur. A vrai dire, "Geralt" n'avait pas l'intention de s'enfuir à la première occasion, mais beaucoup, comme Melody, ou même Irwan, en doutaient fortement. Enfin, qu'importe, en bon seigneur, Snori lui avait remis un peu d'argent, afin qu'il commence de suite les négociations avec les vendeurs. Il entrait maintenant dans la petite ville. Avec ses airs de bled paumé, Wuhm avait un certain charme, bien que Elevir préfère de loin les grandes villes de Luuwr ou Nora. Il mit pied à terre, et laissa son cheval gris dans l'écurie. Il entra dans une auberge réputée pour sa fréquentation assez particulière. La pire canaille d'Hovo, et même de Nailika trainait dans ces lieux. Et y entrer était sans doute la première grosse erreur que fit Elevir ce jour ci.

Changeons de personnage et de lieux. Suivons le parcours d'Edwig Luthness, la recrue brutale et taciturne de Iyoh Tzumihi. Cet être ignoble et cruel ainsi que ses compagnons Ombres avaient du suivre un train d'enfer afin de rejoindre la ville de Wuhm. Iyoh avait prévu qu'ils y arrivent en sept jours, ils l'avaient fait en six... Ils auraient pu être encore plus rapides si le cheval d'Edwig n'était pas mort d'épuisement. La pauvre bête devant supporter un poids sans doute de deux fois supérieurs au poids du jeune Irvine (sans compter les innombrables armes qu'il portait sur lui), ainsi qu'un rythme effréné, n'avait pu tenir, et il avait fallu trouver une autre bête pour le siffleur. Siffleur était d'ailleurs un drôle de qualificatif pour cet homme énorme. Beaucoup de ses compagnons de batailles l’appelaient le hurleur, tellement sa voix était forte...
Edwig n'aimait pas spécialement les gens qui composaient le reste de l'équipe. Il trouvait la fille prétentieuse et le rejeton d'Igole Vrag obséquieux. Seul Iyoh se démarquait par sa force de caractère et ses capacités exceptionnelles. Enfin, en définitive, quelle importance avait donc son avis? Sans doute aucune, puisque la seule chose importante était la réussite de l'objectif, et de manière plus générale, la victoire du patriotisme Nailikan contre les lâches de Luuwr et Nora!
Arrivés à l'avance, ils s'étaient tout de même assuré de savoir si le groupe de Pendragon et Jennsen n'était pas déjà passé. Il s'avérait que non. Ils avaient donc eu le temps de s'organiser, et de se positionner stratégiquement dans la ville. Edwig avait pris son poste dans l'auberge, et attendait patiemment l'arrivée possible du voleur...

C'est ainsi que ces deux personnages si différents se rencontrèrent, un peu brutalement, il faut le dire. Elevir eut à peine le temps de voir l'énorme masse de muscle lui foncer dessus et lui donner un coup du tranchant de la main dans la trachée artère. En peu de temps, il se retrouva dans une ruelle sombre et baignée d'une ambiance malsaine. Il ouvrit les yeux et regarda un homme qui l'observait étrangement...

- Iyoh? C'est toi? Tu pourrais me traiter avec plus de ménagement tout de même!

La semaine qui venait de s'écouler avait été pour le moins tendue et très calme. Malgré les grands éclats de rire réguliers de Snori et de son élève préférée, l'ambiance restait molle, presque morbide au sein du groupe qui ne parvenait visiblement pas à trouver la moindre cohésion, même après deux semaines passées ensemble nuit et jour. Irwan avait été particulièrement discret suite à la fuite des deux dragons et à l'entente du cri abominable qui avait résonné dans la plaine la semaine passée. À deux occurrences, ils avaient de nouveau pu entendre cette sinistre symphonie. Quelle que soit la bête, et que ce soit volontaire ou non, elle semblait les suivre. Le problème venait du fait qu'aucun membre de l'expédition n'avais jamais croisé ni griffon ni dragon-chiroptère, et qu'il était de ce fait impossible d'identifier cette menace. Quoiqu'il en soit, tout s'était plutôt bien déroulé de ce côté-ci, puisqu'ils n'avaient eu à encaisser aucune attaque.

Llednar avait finalement décidé de rester avec le groupe jusqu'à la petite ville dont ils parlaient fréquemment. Là-bas, il pourrait se réapprovisionner et récolter assez de ressources pour continuer seul sans se soucier de son alimentation pendant un petit moment. Et puis, finalement, ce détour minime ne le ralentissait pas tant que ça. Il s'en serrait presque voulu de leur faucher compagnie avant de s'être assuré qu'ils auraient toutes les cartes en main pour la suite de leur voyage. Il avait écouté maintes conversations entre Elevir, Irwan et Fushy, souvent ensembles dans le chariot. Eux trois, les aînés, formaient une sorte de conseil des sages, et leurs débats méritaient d'y prêter une oreille attentive tant ils étaient instructifs, et parfois divertissants. Zia, tout particulièrement, s'en était amusée, en glissant quelques remarques enfantines qui avaient eu le mérite de bien faire rire les trois compères. Les entraînements n'avaient cessés. Avec le retour de sa bonne humeur, la petite rouquine progressait de plus en plus vite. Son maître commençait à lui inculquer les bases de l'Ohi-Kozaru, et elle en tirait une grande fierté. Cette garde-ci était la spécialité de Snori, une qu'il avait créé pièce par pièce, et il la jugeait digne d'en hériter.

Le prince, nonchalant et souriant comme à son habitude, se balançait au rythme des pas lents de sa monture épuisée. Les Monts Pourpres se dressaient devant eux, impressionnants par leur hauteur, glauques par la couleur orangée de la terre qu'ils allaient fouler dans les jours à suivre. Le froid commençait à se faire sentir. Peu à peu, le bout de son nez devenait rouge, et il avait de plus en plus souvent ses mains fourrées au fin fond de ses poches. À Nora, le climat était radicalement différent, surtout au palais où il suffisait d'un claquement de doigt pour disposer d'une aération ou d'un feu de cheminée exquis. Au loin, ils pouvaient apercevoir un petit village, renforcé par quelques palissades afin d’empêcher les loups de saccager la ville ou de se nourrir des troupeaux.

-C'est Wuhm!

Zia pointait frénétiquement du doigt le petit patelin, que tout le monde avait vu. Sur le coup, elle était un peu longue à réagir, mais cela était du à l'affreuse nuit qu'elle avait passé la veille. Pour une fois, elle avait décidé de se mettre près d'Oloren: elle avait écopé de quelques coups de pieds et était finalement repartie près d'Alix, qui était beaucoup plus calme dans son sommeil. Wuhm. Ce village, l'un, voir le plus grand de la région, devait facilement compter trois-cent habitants, ce qui était tout simplement titanesque pour Hovo. Elle y était passé plusieurs fois dans sa jeunesse, souvent pour rendre visite à des amis ou à des cousins éloignés de la famille Fambriel.

-Cet endroit est géniaaaaal! Je me souviens, il y avait une mare avec des crapauds gros comme ça!

Bien loin de ce genre de préoccupations, Iyoh regardait de haut Elevir. Il avait vidé ses poches, vérifié trois fois qu'il n'était pas suivi, et avait fini par le faire emmener ici par Edwig. Les deux autres se trouvaient près des entrées de la ville, et les cinq ramourgues s'étaient dispersés afin de couvrir un maximum de terrain. Ici, ces félins bipèdes faisaient presque partie intégrante de la population. Même s'ils étaient loin du niveau intellectuel de l'homme, il n'était pas rare d'en croiser dans des taverne, dans un semi-coma avec des voyageurs de mauvaise fréquentation. Le chef de groupe des Ombres, comme à son habitude, replaça son foulard et fit jouer le cuir de ses gants. Le regard qu'il lançait sur sa proie était plein de mépris, presque de dégoût.

-Où est Belwur? articula-t-il très clairement.

L'intimidation fonctionnait rarement sur ce genre de charlatans, mais il n'avait rien à perdre à tenter le coup.

- Maître, notre mission va être extrêmement retardée ...

- Hmm ...


- Peut-être devrions-nous annuler ce contrat ?

- Fait-donc.


- Je ne sais pas ce que tu lui trouve, à cette petite, mais je te trouve bien inquiet depuis que nous sommes à Hovo. Peut-être même stressé.

- Écoutes, Ilyanna, maintenant que je l'ai retrouvée je veux être sûr qu'elle soit en sécurité auprès du prince. Je veux être assurée qu'elle aura désormais un bel avenir à ses côtés, ensuite, je pourrais m'occuper d'autres choses. Et puis, il y à cette Melody ... Elle semblait bien déterminée à me stopper. Je m'en voudrait de ne pas lui laisser sa chance ...

- Même si elle n'en à aucune ? Erlyn, tu es trop cruel ... Je suppose que Rednow attendra, alors ... Moi qui me faisait une joie de rendre ta légende encore plus vraie...

- Ma quoi ? ...

Durant toute la durée du voyage, Laly ne s'était pas montrée expressive, ni enthousiaste, ni désagréable. Elle s'était contentée d'écouter les conversations des autres, de sourire quelques fois, ou de lever les yeux au ciel. Le soir, quand venait l'heure de s'endormir après une longue journée de voyage, le sommeil était toujours très long à venir. Les évènements passés, les doutes et les craintes pour le futur se faisaient omniprésents dans l'esprit de la révulseuse. Mais, bercée par les ronflements et les respirations de ses camarades, elle finissait toujours par s'assoupir quelques heures. Pourtant, chaque jour passait trop vite, et la cadence lui semblait bien trop lente. Pourtant, avec une telle troupe, il ne pouvait pas faire plus vite. Le bateau en direction d'Hovo, la rencontre avec Geralt, les prises de bec, les péripéties diverses n'avaient pas arrangés la longueur du trajet, et la jeune femme avait décidé de ne pas faire part de son avis, ce qui relevait de l'exploit. A sa grande surprise, quand Zia avait évoqué les crapauds, elle avait souri.

Alix, elle, s'éveillait doucement. Elle avait rêvé de quelque chose d'étrange, d'une sauterelle amoureuse d'un hippopotame, ou quelque chose de similaire. Elle s'était carrément endormie sur le dos de son cheval nain, qui n'avait toujours pas de nom, et qui semblait avoir assez de capacités intellectuelles pour suivre le groupe sagement. A la vue d'un tel animal, un tel agissement pouvait laisser relativement perplexe. En sursautant, Alix s'exclama, les yeux bouffis par le sommeil et les cheveux en bataille.

- Gné ! On est arrivés ?! Oh mais c'est TER-RIBLE ! Quel charmant petit village !

Emmitouflé dans un long manteau sombre, les doigts tirant vers le bleu et les pieds glacés, il patientait sur son destrier à la robe noire. Il surveillait les alentours, avait suivi sagement les directives d'Iyoh. Ce dernier était parti à la recherche d'un brigand, visiblement un brigand de pacotille. Dans un froid glacial, il était donc là. A ses côtés, Éléonore avait visiblement les yeux dans le vague. Il n'osait pas spécialement lui parler, sachant pertinemment qu'il se ferait rembarrer dans le seconde même. Au bout de quelques instants, ce silence pesant lui semblait de plus en plus insoutenable.

- Je suis jamais venu ici. Et j'ai aucune idée de ce qui nous attend. Enfin, si, en gros. Du sang, de la bataille, des convictions. Sans oublier une bonne dose de patriotisme. Une cigarette ?

Elevir était encore un peu assommé avec le coup de l'énorme brute à la solde de Iyoh. Il articula péniblement : "Je ne vois pas de quoi tu parles jeune homme! On ne vous apprend plus la politesse de nos jours?"
Edwig réagit instantanément. Face à une telle provocation, il fallait frapper. Il donna un rapide coup de coude dans le dos de l'informateur, qui le fit s'écrouler dans un gémissement. Le voleur resta au sol une trentaine de secondes, puis se releva, une main sur son dos douloureux. Elevir s'était mordu la langue dans sa chute. Il cracha du sang au sol, puis se dirigea lentement vers Iyoh, le regardant droit dans les yeux. Il humecta ses lèvres avec sa langue, et se racla la gorge. Il déclara ensuite :

-Iyoh, tu es bien naïf si tu crois que je pourrais cracher le morceau pour quelques coups. Ou sinon, tu me prend pour un faible. Quoi qu'il arrive, dis à ton gorille de se calmer, car je ne dirais rien sous la menace. Si tu veux des informations, on paye rubis sur ongle. Si tu veux une aide, ce sera encore plus cher. Et si tu penses pouvoir obtenir de moi certaines choses sous la menace, tu te trompes, car je t'assure que je te suis indispensable dans ta quête.

Edwig avait écouté le discours du pickpocket sans bien comprendre. Il avait croisé les bras, et attendait un signe de son maitre. Prêt à cogner, à tuer, ou quoi que ce soit, tant que cela aidait la Cause!

Alors comme ça, Elevir était décidé à jouer au plus malin? S'il avait été n'importe qui, Iyoh n'en aurait pas démordu si facilement. Mais, en l'occurence, il avait pu lire dans les yeux de cette petite fripouille que l'artéfact Belwur ne lui était pas inconnu. Des informations, il en avait très probablement, et pour le moment, du haut de ses vingt-trois ans, le leader des Ombres n'avait à sa disposition aucun autre informateur; cela le dérangeait quelque peu, mais il était forcé de le ménager. Pour le moment du moins. Il fouilla dans la poche intérieur de son manteau, et en sortit une bourse de cuir, de laquelle il extrait une gemme couleur jade de taille respectable et à l'éclat unique. Dans leurs quartiers généraux, ils en avaient des tas comme celles-ci, et elles valaient une petite fortune chacune.

-Une des émeraudes de l'île de Koïden, annonça-t-il en la faisant tourner entre ses doigts.Je suppose que la vermine que tu es connais la valeur de ces choses, me trompe-je?

Cet île, qui était en réalité un petit archipel, se situait au sud de Luuwr. Depuis très longtemps, on y plaçait des exploitation minières dont les profits étaient faramineux. Encore une fois, c'était l'état fort qui en profitait pour s'en mettre plein les poches. Une fois que Nailika aurait pris cette zone, ils s'en serviraient à très bon escient: les métaux qu'on pouvait extraire là-bas avaient des propriétés exceptionnelles, et les plus grands penseurs avaient déjà des idées bien précises des fonctions qu'ils pourraient avoir. Éléonore lança un regard assez neutre vers Irvine. Depuis le départ, il lui avait paru, à l'instar des deux autres, parfaitement antipathique. Même pour des Ombres, il était dur de trouver du tabac. Encore une fois, il prouvait inconsciemment qu'il était un gentil fils à papa.

-Tu devrais te concentrer plutôt que de crapoter. Nous devons faire en sorte que personne ne puisse interférer tant qu'Iyoh n'en a pas fini avec son contact. Nul ne doit entrer dans cette ruelle, là bas, alors surveille et tais toi. Nous aurons largement le temps de parler quand la mission sera exécutée.

Elle avait parlé à voix basse, de sorte à ce que les passants ne puissent l'entendre. Après tout, on leur avait ordonné d'être discret. Iyoh avait brutalement rangé son bien.

-Tu l'auras quand tu nous répondra. Où est Belwur?

L'expédition avançait toujours vers Wuhm. Snori était descendu de son cheval, qui commençait à fatiguer, et marchait à ses côtés, tout en observant avec émerveillement le paysage à la fois somptueux et écrasant qui s'offrait à eux. Zia était beaucoup moins admirative du fait de ses précédentes venues ici, mais elle était forcé d'admettre que ce qu'elle voyait ici était quelque chose de beau. La route serrait encore longue vers la côte Nord du pays, et cette pause ferrait du bien à tout le monde. Irwan interpella la jeune épéiste alors qu'elle tentait de faire, tout comme Alix, des tresses à sa monture, mais parvenait seulement à créer un tas de nœuds d'une laideur indéniable.

-Alors, gamine, as-tu trouvé ce que tu voulais sur l'homme aux cinq titres?

L'historien faisait référence au jour où ils avaient croisés le chemin de cet être craint de beaucoup, et dont Zia avait voulu apprendre la légende. Oui, elle avait eu l'occasion, au fil de ses recherches dans la bibliothèque miniature du chariot, de s'instruire à son sujet, mais rien ne disait clairement qui il était et ce qu'il voulait.

-Oui, des choses et d'autres. Mais peut-être qu'Oloren en sais plus. Non?

Sa dernière question était adressée à l'adolescente. Après tout, elle semblait bien le connaître.




[HRP: Postez si vous voulez]

J'ai edit mon précédent post.

Jin commençait à ressentir le froid. Elle s'emmitoufla dans son manteau mais cela ne changea rien.Pendant le voyage vers Wuhm, elle parla à tout le monde, comme à son habitude. La jeune femme sentait que le groupe était fatiguée, c'est vrai qu'ils manquaient tous de sommeil. De plus, le froid qui persistait n'aidait pas à remonter le moral de la petite troupe.

En arrivant dans la petite ville, elle se fit la réflexion que c'était vraiment charmant et assez rustique. Ne pouvant faire un peu de tourisme, à son plus grand regret, elle descendit de sa monture, à laquelle elle s'était vraiment attaché et fit quelques pas pour se réchauffer. Voulant se sentir utile, Jin se mit à la lourde tâche de faire un bon petit feu revigorant. Elle trouva du bois et quelques brindilles qui prendraient bien et commença à les disposer. Il lui manqua cependant quelque chose d'essentiel.

-Euh...Quelqu'un n'aurait pas quelque chose pour allumer le feu ?

Elle regarda le petit groupe avec un air de pitié. Elle avait tellement froid, la jeune blonde rêvait de pouvoir s'asseoir à côté du feu et regarder les flamme, cela l'apaisait.

Roche observait la ville. Au fur et à mesure de leur progression dans Hovo, le froid se faisait de plus en plus mordant. Son long manteau le protégeait mieux que la plupart de ses compagnons, et il voyait de plus en plus de ses camarades grelotter. Par empathie, il aurait presque ressenti le froid avec eux... Bien évidement, la seule qui se tenait la tête droite et ne montrait aucun signe de fatigue ou de froid était Melody. Grâce à son pouvoir de brûleuse, sans doute... Le soldat trouvait que Melody agissait de manière étrange ces temps ci... Autant, elle avait semblé s'adoucir lors du début du voyage, autant depuis le départ d'Erlyn, elle semblait froide et renfrognée, presque déterminée à en découdre. Il aurait donné cher pour savoir ce qui se passait dans la tête de sa supérieure. Beaucoup de ses amis soldats considéraient que lui et Melody formaient un couple. Ils n'avaient décidément rien compris à la chose, mais comme Roche ne démentait pas, ils tenaient ça pour un acquis... Melody était d'avantage une soeur pour lui qu'un chef. Et il était convaincu que cette relation était réciproque. Roche continua ainsi à réfléchir de choses et d'autres, à composer mentalement des musiques qui, par leur complexité et son manque de moyen, ne verraient jamais le jour jusqu'à ce que Jin le tire de ses rêveries. Elle avait froid. Il était presque midi, et ils étaient à encore une heure de Wuhm. Roche descendit spontanément de son cheval, sortit son briquet en amadou et le tendit à Jin.

- Voilà quelque chose qui pourra t'aider!

Elevir, quant à lui, souriait de toutes ses dents. Il n'aurait jamais supporté les tortures élaborés des nailikans, et il était content que son bluff ait marché! Il prit par l'épaule Iyoh, et lui dit : "Ecoute vieux, on a commencé sur de mauvaises bases, mais je suis sur qu'on peut bien s'entendre, tous les deux. Donne moi cette petite gemme de rien du tout, et je te donnerai l'itinéraire de route de la porteuse de Belwur en ville"
Il avait réellement besoin de cette gemme. Grâce à elle, il pourrait recommencer une nouvelle vie, effacer ses dettes!

//Désolé, double post, mais j'avais oublié Elevir, avec tout ça!//

Zia, bien que consciente de l'effort que cela demandait à Oloren de parler de cela, ne put cacher sa déception. Ce genre de mythes, parlant d'hommes et de femmes aux grands pouvoirs et se lançant seuls contre tous dans des quêtes plus épiques les unes que les autres, cela la fascinait au plus haut point. De tout coeur, elle espérait qu'ils recroiseraient Erlyn et sa troupe. Peut-être même qu'il y aurait un combat. Un combat magistral, qui serrait retranscris dans les contes, et où Snori Pendragon sortirait en tant que grand vainqueur. Pour le moment, tout se passait dans un calme relatif, ce qu'elle trouvait presque dommage, car elle ne pouvait qu'entrevoir tout le génie qu'elle présumait en son mentor.

Celui-ci était bien loin de se soucier de ce genre de choses. Lui, depuis un certain temps, était sur un petit nuage, ne se préoccupant pas vraiment de ce qu'il se passait à l'intérieur de leur groupe, profitant tout simplement de ce voyage dont il avait toujours rêvé. Il tenait une forme olympique, mais il jugea la décision de Jin de s'arrêter assez raisonnable. De toute façon, ils n'étaient plus à quelques minutes près: Nigfol n'allait pas s'envoler. Lev, lui, l'avait fait. À vol d'oiseau, Wuhm était vraiment très près. Le petit aigle s'était posé sur les palissades encadrant la petite ville, et observait les passants, à la recherche de la moindre chose suspecte. Llednar avait eu vent d'une rumeur, comme quoi le camp de Rednow avait été déplacé. Ici, il pourrait obtenir plus d'informations à ce sujet, et peut être confirmer ces "on-dit". Néanmoins, il ne voulait pas faire office de mouton noir. Il resterais avec le groupe jusqu'à ce patelin, comme prévu. Il descendit lui aussi de sa monture, et alla s'asseoir près du feu, bien que le froid ne l'atteigne pas trop.

-Ôte tes sales pattes de là. Tu va nous servir Belwur sur un plateau. Dis nous où et quand nous pourrons la trouver, et tu auras cette émeraude.

Iyoh n'avait absolument pas confiance en Elevir, mais il savait que ce-dernier accordait une importance incommensurable à tout ce qui avait de la valeur. Il ne devrait pas y avoir d'entourloupe, mais il préférait être très clair avec lui. Ils n'étaient pas là pour plaisanter, ou pour une mission de seconde classe.

-Elevir, à la moindre trace de fourberie dans tes yeux, je me ferrais un plaisir de t'en priver.

Le regard du jeune homme était d'une froideur presque comparable au néant. S'il fallait tuer quelqu'un de sang froid, cela ne lui posait absolument aucun problème. C'était là une des règles des Ombres: "Celui qui est un ennemi de l'état doit mourir". Si Elevir les conduisait sur une mauvaise piste, il était un ennemi de l'état.

Jin reçut le briquet de Roche comme une bénédiction. Elle le remercia avec un grand sourire et un soupir de soulagement. Elle approcha le briquet de son feu et vit avec joie que tout prenait bien. Elle s'assit en tailleur à côté, les mains près du feu et sentit de suite ce feu lui faire le plus grand bien !
Llednar vint la rejoindre ce qui l'étonna un peu. La jeune femme ne lui avait pas réellement parlé. En effet, elle ne se sentait pas totalement à l'aise avec lui. Mais ce silence lui pesait de plus en plus, elle prit donc l'initiative de parler au risque de se faire rembarrer par une réponse froide et sans intérêt.

-Tu es quelqu'un d'étrange Llednar mais intriguant. Déjà, comment as-tu réussi à apprivoiser un aigle ? Je pensais que c'était impossible !

Jin discutait de choses banals, juste pour casser cette tension qu'elle sentait installé entre eux deux.

Un nuage de poussière était visible au loin. Roche ne l'avait pas loupé, et l'avait fait remarquer à sa supérieure d'un signe de tête. Melody avait aussitôt sortit sa longue vue. Elle distingua la silhouette floue d'Elevir. Elle aurait dit qu'il semblait perturbé, mais comme elle le soupçonnait de toujours se cacher derrière un masque, elle n'aurait pu en jurer. Lorsqu'il arriva, Elevir prit un air décontracté, et se dirigea vers Snori.
- Mission accomplie sir! J'ai réussi à négocier des laines chaudes et un stock de nourriture suffisant pour deux semaines! Il ne nous reste plus qu'à aller les chercher. Je propose que nous partions d'ici une heure, qu'en dites vous?

Pendant ce temps, Belwur profitait du fait qu'ils ne soient pas encore en ville pour parler avec Irwan, ce qui avait le don d'agacer Melody...

- Mais voyez vous, le plus agaçant quand on a vécu pendant des millénaires et qu'on a vu tant de rois et d'empires naître et mourir... Enfin, voyez vous... De ne se dire que l'on ne connaîtra jamais le goût d'une côte de boeuf! Réellement!

Belwur trouvait le regard de l'écrivain dubitatif... Evidemment, à force de dire autant de bêtises, l'homme ne le prendrait plus du tout au sérieux... Mais au fur et à mesure des conversations, l'artéfact glissait quelques allusions, quelques indices sur les interrogations de l'historien! Mais il était réellement impossible de séparer le bon grain de l'ivraie!

Irwan ne savait plus trop ce qu'il fallait penser des dires de l'avatar. Dans un sens, il était heureux qu'il se mette à lui donner des informations, si banales soit elles, mais d'autre part, ce qu'il daignait révéler était d'une importance moindre, le faisait même presque perdre du temps. Inlassable, il prenait néanmoins notes de tous les sous qui emmenaient de sa bouche, au cas où ils pourraient être d'une quelconque utilité ultérieurement. Malheureusement, il n'avait pour le moment pas atteint son but premier: en apprendre plus sur le fonctionnement et l'origine des artéfacts. Cela viendrait surement à condition d'être patient, alors autant jouer le jeu.

-Oh, vous savez, répondit-il, il y a bien des choses meilleurs qu'une simple côte de bœuf en ce monde. Je connais un grand cuisinier d'Abrial qui concocte des ragoûts d'une saveur inimaginable. Ça, vous pouvez vous morfondre de le rater.

Llednar lança un regard étonné vers Jin. Depuis le début, il lui semblait bien qu'elle ne lui avait jamais adressé la parole, ce qui était réciproque. Si elle lui parlais de la sorte, c'était sans aucun doute parce qu'elle n'avait pas grand chose d'autre à faire...quoiqu'il en soit, elle prenait ces mots comme un compliment, et cela le touchait beaucoup. Ils n'étaient pas bien nombreux, les gens à vanter ses mérites, ou à lui dire qu'il avait quelque chose d'extraordinaire. Allait-il pour autant le montrer à la jeune femme? Non, bien au contraire.

-Tu avais tort.

En réalité, non, elle n'était pas nécessairement dans l'erreur. En effet, les rapaces formaient une espèce d'oiseaux particulièrement difficiles à dompter, mais si on avait la chance d'en trouver un encore très jeune, il pouvait alors s'attacher à celui qu'il considérait naturellement comme son maître. Cette situation fortuite, le jeune homme l'avait vécu, et c'était cela qui expliquait la fidélité infaillible de Lev. À cet instant, Geralt revint avec quelques bonnes nouvelles, qui ne purent que soulager tout le monde. La nourriture serait bienvenue, mais surtout, c'était les vêtements chauds qui étaient réconfortants. Si l'on pouvait chasser pour se nourrir, personne ne semblait apte à coudre avec le tout venant.

-Génial! s'enthousiasma Snori. Je savais qu'on pouvais vous faire confiance, Geralt.

Le prince était sans aucun doute l'un des seuls qui était de cet avis-ci.

//Avancée rapide jusqu'à ce que le groupe soit arrivé à Wuhm?//

//Pas d'accord. Tout le monde a la possibilité de répondre, je ne vois pas pourquoi on devrais faire une avance.//

//Pas besoin de voir pourquoi, faut juste qu'on soit d'accord -.-//

Irvine sourit après les dires d'Éléonore. Du peu qu’il l’avait entendue, elle semblait être une femme de caractère, vraiment pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, et surtout pas par ce qu’elle considérait être comme un abruti pourri gâté. Le ton sec qu’elle avait employé n’avait pas blessé le moins du monde le fils du dictateur, au contraire, il respectait sa décision. En l’absence d’Iyoh et d’Edwig, il savait pertinemment que c’était elle qui s’imposait comme la meneuse.

L’air se faisait de plus en plus glacial, ce qui se justifiait par les frissonnements grandissants du jeune homme. Après avoir tiré quelques bouffées de sa cigarette « interdite », Irvine la jeta à moitié consumée, obéissant sagement aux ordres de sa compagne de mission. Bien qu’il soit le fils d’un homme puissant et aisé, Irvine était loin d’être orgueilleux, et ne rappelait jamais son milieu de vie initial. Surveillant la ruelle, malgré les regards interloqués des passants devant les Ombres, il chuchota :

- Comme tu voudras.

Alix aussi avait froid. Lorsqu’elle détourna le regard de son cheval nain sans nom pour poser ses yeux sur le feu crépitant, elle s’exclama :

- Super idée ! Jin je t’aime, je t’aime, je t’aime !

Elle alla immédiatement s’asseoir entre la belle blonde et Llednar. D’ailleurs, elle ne lui avait jamais parlé, enfin, pas qu’elle se souvienne. Assise sur les genoux, elle approcha ses mains des flammes, et une chaleur délicieuse vint parcourir son corps. Elle fit un grand sourire.

- Wahou, c’est dingue comme ça peut faire du bien ! Il doit faire au moins -1000000000 degrés !

En effet, Laly ne partageait pas l'avis de Snori en ce qui concernait Géralt. Cet homme avait l'air fourbe et vicieux, le genre de type qui ne pouvait qu'attirer des ennuis. Elle avait un mauvais pressentiment : le voyage s'était déroulé sans pratiquement aucun de problème. Et c'était trop beau pour être vrai.

Melody remarqua le regard que lui lança Oloren. Elle se dirigea vers la jeune fille. Elle avait quelques questions à lui poser, mais elle ne voulait pas que Snori les entendent. D'un petit mouvement de tête, elle lui propose de la suivre, puis elle se dirigea vers un petit coin loin du groupe, avec un chêne énorme et quelques arbustes. Elle se retourna en direction d'Oloren. Elle espérait que cette dernière l'avait suivit. Elle avait à lui parler, et elle n'était pas sure que le sujet de conversation lui plaise...

Roche, quant à lui, s'assit à coté de Llednar et Jin. L'étrange rôdeur lui rappelait un peu lui même. Replié sur lui même. Mais cet homme n'avait pas les mêmes attaches que lui. Il avait un but autre. Cela se voyait dans son regard... Le soldat aux cheveux gris s'aperçu qu'il devait fixer étrangement Llednar, et détourna le regard. Il n'aimait pas les stéréotypes du musicien qui jouait près d'un feu de camps, mais il y avait une éternité qu'il n'avait pas touché à sa flute. Il la sortit donc, et joua un morceau plein de mystères... ( https://www.youtube.com/watch?v=vFcyFBEAsW4 )

Nul ne savait ce que les autres pensaient de la mélodie jouée par Roche, et Llednar s'en souciait peu. Les notes qui émanaient de la flûte du soldat résonnaient dans son esprit, lui rappelant tout un tas de souvenirs, chaleureux ou douloureux. Il trouvait dans cette symphonie une certaine douceur, quelque chose de niais mais d'agréable, de profond et de simple à la fois. Il n'était que le larbin d'un tas de gradés, mais ce type avait un vrai talent. Un jour, le rôdeur le remercierait pour ce qu'il était en train de faire et dont il n'avais surement pas conscience. Mais pas maintenant; il fallait profiter, et se taire.

Zia avait à son tour rejoins le petit groupe qui se formait peu à peu autour du feu allumé par Jin. Avant de s'asseoir, elle rejeta sa longue chevelure en arrière. Lorsqu'elle chevauchait, à cause des nombreux sursauts, des mèches rousses venaient régulièrement se placer devant ses yeux ou dans sa bouche, ce qui l'avait fait pester à maintes reprises. Elle avait beau les repousser en soufflant dessus aussi fort qu'elle le pouvait, ils revenaient toujours à l'assaut; et il lui fallait garder ses mains sur les rênes, sans quoi elle chutait inexorablement. Pouvoir enfin dompter sa masse capillaire était un grand soulagement. Enfin, elle alla s'installer à côté d'Alix, contre qui elle se colla pour capter le plus de chaleur possible.

-Il fais pas si froid que ça. En janvier, quand on a des mètres de neiges, là c'est froid! Pour le moment, c'est juste un petit froid. Un froidounet?

Mine de rien, même si elle était habituée au climat d'Hovo, elle n'avait pas si chaud que ça, et la source de chaleur frétillante n'était pas de refus, bien au contraire. Entre ça, la mélodie de Roche, les bonnes nouvelles de Geralt, et la proximité de Wuhm, il n'y avait finalement que des raisons d'être joyeux. Snori approuva la décision du voleur de leur groupe. Une heure, cela lui semblait bien.

-Une heure, c'est parfait! Bon, dans tous les cas, on ne va pas se presser non plus en ville, mais reposez vous bien tout de même! Pour ma part...eh bien je vais faire un petit somme, bonne nuit!

Joignant le geste à la parole, le prince alla se poser à même le sol, et sombra dans un sommeil profond en quelques secondes, le sourire aux lèvres. Même endormi, il dégageait une confiance en lui incroyable, une aura de sérénité presque arrogante. Dans la petite ville, Iyoh avait rejoins ses sous-fifres, qui étaient désormais tous réunis près des palissades, histoire de faire un petit débriefing.

-Voilà ce qu'il va se passer. La porteuse de Belwur, dont j'ignore encore l'identité, devrais passer dans la ruelle près de l'auberge dans un peu plus d'une heure. Nous la tuons, elle et son groupe, sans faire de trace. Et ne touchez pas à Elevir. Une fois cela fait...

Un sourire machiavélique venait de se dessiner sur le visage du jeune homme. Ce qu'il allait dire n'était rien de plus que la retranscription d'un ordre qui lui avait été donné, mais il prendrais un malin plaisir à l'exécuter.

-Nous n'aurons plus qu'à anéantir ce village.

Cette annonce retentit comme une claque titanesque pour Éléonore. Détruire l'ennemi, d'accord, mais Hovo était neutre, et tous ces gens, simples, n'avaient aucune part de responsabilité dans ce conflit. Les tuer était criminel. Cela n'avait aucun sens, c'était de la simple cruauté, pure et gratuite, cela pour le seul plaisir de leur chef. Elle ne pouvait le tolérer.

-Monsieur Tzumihi, on ne peut pas faire ça, c'est...

Elle n'avait aucune chance de finir sa phrase. La main gantée de cuir d'Iyoh venait d'asséner un soufflet magistral à son acolyte, qui se retrouvait à terre. Son réflexe premier fut de sortir sa dague de son fourreau, mais elle se rendit compte à la seconde même à quel point cela était stupide.

-Pour qui te prends-tu à contester mes ordres, misérable vermisseau?

Les mots de l'Ombre, crachés entre ses dents serrées, étaient emplis de mépris. On ne le contestait pas, lui, l'un des cinq grands chefs de l'organisation. Frustrée, la joue rougie et au bord des larmes, Éléonore ne répondit pas. Elle rangea son arme, se leva, et baissa les yeux, car elle ne pouvait rien faire d'autre.

-Des questions?

Edwig, de sa voix grave, fit un désagréable ricanement lorsque la femme qu'il méprisait totalement se prit un soufflet. Quelle crétine. Pendant toutes ces années aux ordres de Iyoh, il avait bien retenu qu'il ne fallait jamais le contredire, quelques soient ses ordres. Quand la folie s'emparait de son âme, et transparaissait dans ses yeux, il fallait se préparer au carnage, le sourire aux lèvres. Le hurleur était d'ailleurs en train d’affûter une énorme hache à double tranchant lorsque le chef parlait. Beaucoup de gens auraient pris cela comme une marque d'irrespect envers l'autorité. Mais depuis le temps qu'ils travaillaient ensemble, Iyoh avait compris que l’affûtage était un moyen pour Edwig de montrer sa dévotion sans failles, ainsi que son enthousiasme quant au carnage futur.
- Comment élimine t-on la détentrice de Belwur? demanda l'armoire à glace. Elle est plutôt balèze, non?

Melody regarda un instant la jeune fille. Elle avait bien remarqué sa réaction lorsqu'Erlyn était apparu. Et il s'agissait bel et bien d'une terreur sans noms... Elle ne savait pas trop comment s'y prendre...

- J'aimerais que tu me dises tout ce que tu sais Oloren... Je me doute que cela doit être difficile pour toi, mais cet homme est des plus dangereux. Nous devons le neutraliser pour survivre. Et nous n'y arriveront sans doute pas sans toi et tes informations.

Elle espérait avoir été plus ou moins convaincante...

J'ai édité mon post

Les plans d'Iyoh ne surprenaient pas Irvine, bien qu'il n'était pas non plus partant pour ôter la vie d'innocents. Cependant, il avait compris depuis bien longtemps qu'ils devaient tous s'écraser face à cet homme. Accepter les décisions. Faire le boulot. Ne pas regretter. C'étaient les règles principales s'ils ne voulaient pas finir écarteler, ou que leurs vies deviennent un enfer. Puis, au fond, ils avaient choisi d'être là. Partisans des Ombres, ils rejoignaient de ce fait les idées fondamentales du groupe.

Cependant, lorsqu'il avait vu Éléonore à terre, qu'il avait vu la honte et l'incompréhension dans son regard, le jeune homme ressentait comme un pincement au cœur. Certes, aller contre la volonté de leur chef était stupide, mais son intervention prouvait que les Ombres n'étaient pas tous sans-cœur, bien au contraire. Il fallait défendre leurs opinions, tuer, déchiqueter, décapiter, mais apprendre à distinguer les bons des mauvais n'était pas chose aisée. Qu'importe. Il ignora difficilement la jeune femme, et se reconcentra sur les objectifs à venir.

- Que fait-on d'Elevir ? On l'épargne et on l'emmène ou on l'abandonne entre les corps des gens qu'il a trahi ?

Alix rit aux éclats.

- Froidounet ! C'est trop mignon !

Depuis leur arrivée sur l'aire de repos, Laly s'était mise un peu à part. Puis, au bout de quelques minutes, elle prit place silencieusement autour du feu de camp. Elle sourit. Il n'y avait pas à dire : elle s'était attachée à cette petite troupe.