Nouvelle année Kellue/Alix/Zia/Melody

- Cela m'étonne que Snori vous ait remis cette chambre en particulier. De tous les habitants du palais, Zia est sans doute une des personne qu'il affectionne le plus... Qui êtes vous, d'ailleurs? Vous faites parti de la suite de Edward de Reydoran?

Melody essayait de jauger l'inconnue. Elle était sans aucun doute très arrogante, mais elle avait peut être un réel pouvoir, et il fallait au mieux éviter de froisser les gens de la cour, si on ne voulait pas se retrouver avec un paquet d'ennuis...

Avec le dédain réservé au bas peuple, Kellue répondit:

-Irwan Knell est actuellement le seul roi de l'Oran, quoi que vous puissiez en dire. Et oui, je fais partie de ce que vous nommez suite. Je me suis mis au service du seul vrai roi de Nailika, afin de le protéger contre toute mauvaise rencontre, et de l'aider n'importe où pour peu qu'il ait besoin de moi.

- Un roi sans trône ironisa Melody. Et vous, une garde du corps. Vous voyez bien que cette chambre est prise. Trouvez vous en une autre!

-Vous n'avez aucune autorité sur moi, Melody Jennsen.

- J'en appelais juste à votre bon sens! Zia, tu veux partager ta chambre avec la dame? Elle dormira sur le parquet, évidement!

Zia souriait à pleine dents, ravie de la tournure des évènements. Melody n'avait décidément pas son pareil quand il s'agissait de faire taire quelque vantard que ce soit!

-Du moment qu'elle ne laisse pas des poils partout, ça devrait pouvoir s'arranger, cracha l'adolescente, plus cynique que jamais.

Kellue, sans un mot ni même une moue, avec simplement cet air sévère sur le visage, lança son sac par dessus son épaule, prit son coffre sous le bras, et quitta la pièce en poussant sans ménagement la rouquine sur son passage. Déjà, elle disparaissait dans les nombreux couloirs du palais. Zia, quant à elle, en était à éclater de rire.

-Génial, comment tu l'as rembarrée!

Melody sourit aux adolescentes, assez fière de son coup de gueule pour une fois!

- Je n'allais pas vous laisser vous amuser toutes seules avec cette mégère!

Elle regarda la porte de la chambre. Les pas des majordomes qui écoutaient la conversation s'assourdissaient. Il n'y avait plus rien d'intéressant à écouter ici...

- Bon, je file, les filles! ça m'a fait plaisir de vous voir!

Alix était restée admirative devant le charisme et le répondant de Melody. Tandis qu'elle disparaissait dans le couloir, elle s'adressa à son amie.

- Tu sais, si elle avait voulu te taper, je lui aurais donné un énorme coup de pied sur la cheville, elle aurait fait moins la maligne !

Zia accorda un sourire à son amie tout en montrant une certaine assurance, mais en vérité, elle avait vu dans la garde de cette étrange femme une certaine maîtrise des arts martiaux. Si elles en étaient réellement venues aux mains, elle aurait sans doute perdu, de la façon la plus lamentable qui soit. Rencontrer ainsi, de manière fortuite, des personnes dont la puissance pouvait se ressentir au premier regard, encourageait clairement l'adolescente à devenir plus forte elle aussi. Ne le cachant à personne, elle aspirait à devenir un jour aussi grande qu'Erlyn, Melody, Snori, et tous les autres. Alors qu'elle riait de bon cœur avec Alix, elle se retourna d'un coup, et agrippa le bras de l'ancienne tapissière.

-Yaaa! La vengeance de Wuhm!

Encore une technique des plus simplistes à laquelle elle ajoutait un sobriquet assez ridicule. Elle savait bien que cela était pitoyable, mais elle s'en amusait énormément. Après avoir fait pivoter Alix, elle l'envoya s'écraser sur le mettais épais de son lit, avant de lui sauter dessus pour la torturer à grands coups de chatouilles, sans savoir si elle y était sensible ou pas. Pourquoi agissait-elle soudain de la sorte? Elle n'en savait absolument rien, mais ressentait l'envie pressante d'embêter son amie, même sans la moindre raison. Juste comme ça, pour s'amuser.

Écroulée de rire sous les chatouilles de son amie, Alix hurlait à moitié, tentant de se défendre du mieux qu'elle le pouvait. Au bout de quelques minutes, un coup de pied mal venu vint heurter un vase bleu et vert posé sur la table de nuit. La scène semblait se passer au ralenti et, sous les yeux des deux adolescentes, l'objet vint se briser en mille morceaux sur le parquet de la pièce. Après un pincement de lèvres accompagné d'un regard innocent, Alix demanda à son amie, inquiète.

- Euh ... tu crois que je viens de casser toute la richesse du palais ? Tu crois que Wawa va me disputer ?

Zia observait chaque petit tesson de ce vase antique répandu au sol avec une affreuse grimace sur le visage. Pour sûr, un tel objet devait avoir une grande valeur; quoiqu'à bien y réfléchir, il ressemblait plus à un pot de chambre qu'à autre chose. Mais un pot de chambre orné, dans tous les cas! Les fragments, coupés de manière aléatoires, présentaient des pointes tranchantes sur lesquelles mieux ne valait pas se risquer à marcher. Pour l'hovoïte possédant un don bien particulier, cela ne posait pas le moindre problème, mais il n'en serait pas de même pour Alix. À peine cette dernière posait sa question à son amie qu'un servant anonyme arriva en courant dans la pièce, avec un long couteau de boucher à la main. Visiblement, c'était un cuisinier du palais.

-Que se passe-t-il? Où sont ces scélérats? Mesdemoiselles, tout va bien?

-Euh...oui, on va s'en sortir, merci.

Le cuisinier lança un haussement de sourcil désapprobateur, auquel Zia répondit par un simple hochement de tête. Tous deux se fixèrent quelques secondes, avant que le larbin accepte finalement de quitter la pièce, en lançant un ultime regard accusateur vers la rouquine. Depuis qu'elle était là, cette petite n'apportait que des soucis. Celle-ci poussa un soupir lorsque l'homme les laissa tranquille, puis lança à son tour un sombre regard volontairement surjoué vers son amie.

-Bien joué! À présent, il va nous falloir un super-balais pour ramasse toute cette super-pagaille causée par ton super-coup-de-pied!

Alix fit les yeux ronds à son amie : tout était de sa faute. En l'espace d'une seconde, elle avait approché sa main du tas de débris coupants, prête à ramasser les dégâts, puis se retint : telle qu'elle se connaissait, elle s'ouvrirait la main immédiatement. Au départ, le cuisinier lui avait fait peur : il ressemblait au stéréotype du psychopathe sanguinaire.

- C'est ma faute ... Oh, j'ai une super bonne idée ! Je vais les recoller, ça doit pas être bien difficile !